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De si grands disques peuvent-ils vraiment être portés par le hasard des rencontres ? Ne sont-ils pas la résultante de schémas bien plus définis ? Camille Chambon aurait-elle pu ne jamais trouver l’appui nécessaire, aurait-elle pu chercher en vain ceux qui lui permettraient de résoudre l’équation, ou était-elle prédéterminée à croiser le chemin de Stéphane Laporte (aka Domotic) et de Tom Gagnaire (Charlotte Sampling) ?

Décolorer la nature pour provoquer des contrastes plus nets, provoquer la confrontation entre mélancolie et légèreté pop, jouer sur les émotions inverses, il y a chez Karaocake cette volonté de générer des oppositions, de pousser aux conflits et de laisser les forces contraires se rencontrer au sein des chansons, chansons qui seront toujours le lieu de résolution, chansons qui apporteront toujours la solution (« Bodies and Mind »).

Les souvenirs associés à « It doesn’t take a whole week » ne trahissent jamais la fraicheur des mélodies. Bourré d’inspiration sixties, « Eeeerie » accroît encore la sphère d’influences en se positionnant comme une étrange idylle entre Au Revoir Simone et Dum Dum Girls, qui sans même le moindre recours aux guitares dégage une énergie juvénile incandescente. Les basses de « Medication » sont si chaudes qu’on rêverait de passer nos journées à se laisser caresser par leur doux rayon.

Additionnés aux sonorités du vieux synthé Casio de Camille Chambon, les apports de Domotic transforment les titres en leur conférant cette sensibilité proche de Grandaddy qui transpirait déjà sur son « Ask The Tiger » de 2005 ; l’instrumentation de « I hate you for ever » n’aurait d’ailleurs pas juré sur ce « Rows ans Stitches ». Suite à l’ep avec son collègue Damien Mingus (Domotic & My Jazzy Child : Chansons d’été) et surtout sa participation au super groupe français Centenaire, Domotic semble être devenu ce guetteur qui attend patiemment les projets pour les révéler.

En tout point supérieur par exemple au dernier Tender Forever, « Rows ans Stitches » souffre uniquement d’un tracklisting qui grille ses meilleurs cartouches d’entrée de jeu reléguant les titres les plus atmosphériques à la fin de l’album (« White Tree » et « Not Trying Hard Enough »).

Karaocake s’impose non seulement comme un équivalent français à Casiotone For The Painfully Alone (« Never Sute ») mais distille surtout des émanations d’un Broadcast qui a laissé le monde orphelin depuis son brillantissime « Tender Buttons » (excepté le « Broadcast and The Focus Group Investigate Witch Cults of the Radio Age »).

Après « Confortable Problems » et « The Nightcrawler aka Red », Clapping Music offre pour la troisième fois de l’année un très grand disque, un très grand disque qui répond aux autres, qui interagit avec eux, comme si le label était devenu une arche, un accélérateur de particules qui lorgnerait du côté des spécialistes des collaborations matricielles (Anticon, Stones Throw…).

Note : 7,5/10

>> « Rows ans Stitches » est en écoute complète sur Bandcamp
>> A lire également, la critique de Panda Panda sur Ears Of Panda