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ENEMIES – The Dawn

Par Benjamin Fogel, le 16-05-2011
Musique

Il faut hypnotiser avant de vaincre, jouer sur les décalages, influer discrètement sur les champs des perceptions et couper le son. Voici le plan de bataille des jeunes français de Enemies, formation rock classique dans sa forme mais courageuse dans son appropriation de l’espace.

Lorsque le silence sonore intervient par deux fois une fraction de seconde au début de « The Dawn », on reste en suspension, le souffle brièvement coupé. Le but n’est pas de jouer sur les effets de reprises et de faire monter la pression, au contraire il s’agit plutôt de déstabiliser, de montrer que la machine est faillible et la cohésion rythmique n’est en rien un acquis social.

C’est sur le terrain de la mélodie touchante que Enemies possède le plus de faiblesse car la force du quintet ne se loge pas forcément dans ses talents de songwriting (« Itchy ») mais plus dans sa manière d’insuffler un souffle à chaque chanson via l’espace qu’il existe entre les instruments – la production jouant ici un rôle important dans ce jeu de respiration. Par exemple, plus que la mélodie de « Abysses », c’est surtout sa densité que l’on retiendra, sa manière d’attirer en son sein l’auditeur via un sonar se propageant entre les lignes de guitares.

Radiohead reste l’influence principale et les décrochés de guitares sur « Solid Bones » ne peuvent être qu’un hommage à « Creep ». Il est incroyable de constater que 14 ans après que le groupe d’Oxford ait délesté le champ de l’indie-rock électrico-émotionnel, la porte qu’il avait alors poussé reste autant grande ouverte (« Elephants » et surtout « Coincidence », les cordes en plus). Mais par effet de tiroirs culturels, c’est forcément souvent le nom de Syd Matters qui revient également.

« The Dawn » cherche peut-être trop à démontrer combien il est un produit fini, combien il est issu d’un travail professionnel et fouillé : les finals travaillés (« Treat Me Wrong »), les interludes, les épanchements post-rock, et une longueur totale qui reste en bouche… une liste d’atouts qui ne cache pas pour autant l’étrange manque de spontanéité qui se dégage de ce premier album.

Prometteur et engagent, la stratégie aurait pu être la bonne et on regrettera juste que le mieux soit parfois l’ennemi du bien.

Note : 6,5/10