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Illustrateur, vidéaste et musicien, Raoul Sinier continue son petit bonhomme de chemin en sortant son cinquième album (le 3ème chez Ad Noiseam). Après avoir été les témoins lointains de sa vie quotidienne dans son appart’, de sa cohabitation funeste avec un blanc de poulet et des agressions qu’il a subi venant de bustes de femmes vengeurs et de blobs à tête de bites, celui qui se refuse à intellectualiser sa musique et son art s’est mis en tête de chanter, de plus en plus. Annoncé ironiquement sur son facebook comme influencé par le fleuron de la nouvelle chanson française (Grand Corps Malade, Abd El Malik, Zaz, Christophe Maé), Guilty Cloaks était attendu avec la plus grande impatience.

Classifier la musique du sieur Sinier est un exercice périlleux, voire un non sens. Ses débuts étaient certes marqués par un bon goût prononcé pour le hip-hop vrillé et abstrait, cousu de mélodies ascensionnelles et oniriques, et de multiples distorsions. Raoul dirait que l’évolution de sa musique s’est faite spontanément, sans même y penser. On se souvient de l’excellent Tremens Industry et de ses vidéos associées. Le résultat aurait donc tendance à lui donner raison. Son intention de chanter serait donc venue comme ça, avec sa logique bien à lui. Cymbal Rush/Strange Teeth & Black Nails illustra le premier jet de ses nouvelles aspirations, en transmettant autant de promesses que d’inquiétudes pour le fan de la première heure. Angoisses vaines, car finalement rien n’a vraiment changé dans la manière que Sinier a d’envisager et de composer sa musique. Refusant toujours les dérives de “l’aspect technique à tout prix”, il est ici encore simplement équipé de sa gratte, de son Mac et de son petit clavier controller. L’aspect distordu est peut-être un peu moins poussé certes, mais c’est probablement pour laisser une place plus limpide aux voix et aux textes. Car oui, on trouve toujours ce sens inné de la montée mélodique, ces sonorités tirées d’orgues, et plus que des vestiges d’un hip-hop vrillé. La vraie nouveauté tient dans le fait que les morceaux chantés s’impriment dans les synapses avec une désarmante facilité. Explication : ils sont tout simplement très bons. Si l’ambiguïté de la musique et son aspect dérangeant se fait peut-être moins affirmée, les textes compensent largement ce constat personnel. L’exemple le plus parlant est sûrement She Is A Lord, track mystérieux presque floydien, avec son texte (de Sylvie Frétet) nébuleux et au contenu étrangement féministe, se révèle comme le titre le plus atypique et le plus abstrait. C’est pourtant le premier “single” mis en avant. Raoul Sinier ne fait définitivement rien comme tout le monde. Et c’est sans doute ce qui le rend si passionnant. Citons également Over The Table, écrit par Nemanja Dragicevic, défini par lui même comme une fable ou pamphlet à l’égard d’une société d’herbivores. Car oui, les textes renforcent ici la folie latente qui a toujours habité la musique de Ra. Et même si il a encore des progrès à faire dans le chant, ça sature et c’est limite faux dans les aigus (le moins bonToo Late), sa voix ne dessert jamais l’équilibre des morceaux (l’excellent et forcément sombre The Enlightened Man) . J’avoue seulement maintenant que je pensais que ça pourrait être très indigeste sur long format. Green Lights et sa cavalcade de drums, le diptyque terriblement urbain et hip-hop Winter/Summer Days ou le troublant Walk de fin sont aussi plus particulièrement à retenir.

Uniquement motivé par sa quête de plaisir, Raoul Sinier sort ici un album aussi atypique que sa probable personne. Comme dirait sûrement Sinier lui même : c’est l’album d’une certaine continuité, la sienne. Non dépourvu des aspects hip-hop qui avaient fait le succès et les éloges de ses précédents essais, Guilty Cloaks vient se parer d’un certain habillage rock et d’enluminures de pop ascensionnelle. Surprenant et complètement dingue, cet album devrait plaire à un public nouveau, à l’image de sa mixture complexe et abstraite mais ratissant très très large.

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