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Avec neuf albums parus chez Ultimae, le multi-instrumentiste suédois Magnus Birgerssonest un des piliers de la maison lyonnaise. Ajoutons à cela les sorties de sa collaboration avec Aes Dana pour le projet H.U.V.A NetworkSolar Fields est probablement un des artistes qui pousse le concept de M.A.O le plus en avant. Son studio, ou plutôt sa station, se nomme Studio Jupiter. Et pour avoir vu quelques photos de l’endroit, je dois avouer n’avoir jamais vu un tel arsenal technologique. Voilà qui aide légèrement à produire un son unique. Pourtant, on est même plus surpris par la sortie d’un nouvel album du scandinave. C’est devenu presque un acquis annuel. Sans être dénuées de tout intérêt, ses dernières sorties m’avaient un peu laissé sur ma faim.

Inutile de le rappeler, Solar Fields a le matériel pour planter des décors aux potentiels immersifs importants. Il a pour habitude de laisser ses strates sonores progresser paisiblement, pour ensuite mieux délayer ses tableaux mouvants. Until We Meet The Sky ne déroge pas à cette classique application. On retrouve ce sentiment de plénitude et de communion solennelle avec les éléments. Dés les premières minutes de From The Next End, nous voilà transportés face à un bijou de l’aéronautique. La rampe de lancement du phallus spatial n’attend qu’un seul passager. L’auditeur. C’est pourtant vers des zones tout à fait organiques que s’avance notre périple. Vers de verts pâturages et des eaux cristallines. La contemplation et la volupté sont de mise jusqu’à After Midnight, They Speak.

En bon observateur de l’environnement, le suédois sait que Dame Nature est fragile et que ses dérèglements sont imprévisibles. Les batteries font donc leur divine apparition dès When The Worlds Collide, où le ciel semble s’assombrir à mesure que le beat se glitche. Même sensations à la fin du sublime Dialogue With A River, ou tout d’un coup les eaux pures entament une inaltérable mutation.

A en croire les supports vidéos associés à ses lives, on peut supposer que malgré son souci de la sauvegarde de l’environnement, le sieur Magnus est probablement également intéressé par l’architecture et l’urbanisme. Pas d’étonnement donc quand, lancés comme un papillon exotique perdu dans un désert d’asphalte, nous assistons à l’étrange et inexorable ballet des voix rapides d’une mégalopole anonyme (Night Traffic City).

Mais voilà, même si les pauvres mortels que nous sommes l’en avions toujours su capable, Solar Fields parvient en fin d’album à pousser à son paroxysme sa démarche divine de spatialisation du son. Les oscillations de la puissance et de l’intensité ont quelque chose de littéralement bouleversant. Last Step In Vacuum et Until We Meet The Sky (et ses sublimes guitares qui se tendent comme un cheval se cabre) sont les idéals passeports pour qui veut se convertir à la haute fidélité. Il est inutile d’en dire plus. C’est sans aucun doute cela, le mastering parfait.

Ultimae a été sage en 2011 concernant son nombre de sorties. Si Perimeters d’Aes Dana (ici) et la compilation Ambrosia (ici) nous avait déjà pleinement convaincus, ce nouvel album de Solar Fields touche au sacré (probablement son meilleur). A force de vouloir rencontrer le ciel, on pourrait même y voir se dévoiler le visage de Dieu.