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2013 vu par Jamie Stewart

Par Jamie Stewart, le 06-01-2014
Musique
Cet article fait partie de la série '2013 vu par...' composée de 6 articles. Dans l'optique de faire un point d'étape avant de passer à la suite, Playlist Society invite, tout au long de sa série '2013 vu par...', des personnalités (écrivains, musiciens, réalisateurs...) à évoquer leur année 2013. Voir le sommaire de la série.

Introduction de Nathan : Pour moi, cette série est le prétexte de tenter les expériences les plus folles, d’envoyer des emails à toutes ces personnes, à tous ces artistes que j’admire profondément. Souvent, je ne reçois pas de réponse, des refus polis et amicaux. Et puis, des fois, l’exception. Jamie Stewart, tête chercheuse de Xiu Xiu, m’a répondu un simple : “est-ce que je peux écrire un tas d’haïkus sur le nihilisme ?”.

C’est donc avec un immense plaisir que je vous présente l’année 2013 pour Jamie Stewart, une année de reprises de Nina Simone et donc une année de nihilisme, qu’il présente sous cette forme si particulière. Vous y trouverez les haïkus originaux, pleins d’humour noir, d’absurde, de finesse, de sons qui cliquent et qui claquent et… de poésie, en fait. Mon humble tentative de traduction (faite avec l’aide de la précieuse Isabelle Chelley) est à côté. À noter qu’elle ne respecte pas la forme originales des haïkus (les 5-7-5 mores) à la demande de Jamie Stewart.

Barre

Jamie Stewart

at best, just twenty
wide flab tattoo covered chest
her wheelchair in woe

don’t open your eyes
there is no end in blackness
a line without thought

it is not a room
as one cannot escape it
dark eternity

from here then to there
with but one path to follow
into the abyss

dark material
a black strop from here to there
doves fall from the sky

only lines connect
your one heart to another
in an airless cell

running in the moonlight
i try to laugh about it
just waiting to die

play only one note
seventy-five minutes pass
yet nothing has changed

my heart wants to give
it wants to give what i am
awake! dream killer!

the hottest of days
a willful disengagement
jealous of fruit gnat

depressed with your youth
a gripping cartoonish gaze
should all hope retract

a hammer and nail
our resolution is sealed
an exit, a farce

luckless spare brain
one is dumb enough with one
guessing with tallow

little tiger, hi
it says you killed your mother
and killed your teacher

the first doubts of God
hands wrapped around a pistol
but who is watching?

universal thought
snuffening Earth blankening
black heat gaseous clouds

reignite satan
bodies draped across his horns
passing out from lust

closets filled of clothes
suffocating goal less ness
my death mask of wool

pierced with an arrow
fashioned from leathered tape worm
selfhood bolts squealing

au mieux, juste vingt ans
grosse poitrine couverte de tatouages
son fauteuil roulant, sa douleur

n’ouvre pas les yeux
le noir n’a pas de fin
une ligne sans pensée

ce n’est pas une chambre
puisqu’on ne peut s’en échapper
sombre éternité

d’ici puis jusque là
n’ayant qu’un seul chemin à suivre
vers les abysses

matière noire
cuir à rasoir noir ici et là
des colombes tombent du ciel

seules les lignes connectent
ton cœur à un autre
dans une cellule sans air

courir dans le clair de lune
j’essaie d’en rire
en n’attendant que la mort

joue une seule note
soixante-quinze minutes passent
et pourtant rien n’a changé

mon cœur veut donner
il veut donner ce que je suis
debout ! tueur de rêves !

le jour le plus chaud
un désengagement délibéré
jaloux des drosophiles

déprimé par ta jeunesse
un regard caricatural et saisissant
si tout espoir venait à se retirer

un marteau et un clou
notre décision est prise
une sortie, une farce

infortuné cerveau de rechange
on est assez idiot avec une tête
à deviner avec du suif

petit tigre, salut
on dit que tu as tué ta mère
et tué ton maître

les premiers doutes de Dieu
les mains refermées autour d’un pistolet
mais qui regarde ?

la pensée universelle
étoufflissant la Terre suffocante
chaleur noire des nuages gazeux

rallume satan
des corps drapés sur ses cornes
s’évanouissant de luxure

placards rempli d’habits
l’absence de but suffocante
mon masque mortuaire en laine

percé d’une flèche
faite du cuir d’un ténia
les boulons de l’individualité grincent