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PS’Playlist mai 2014

Par Collectif, le 30-05-2014
Musique

Wovenhand1) Wovenhand – “The Refractory” (Anthony)
Extrait de “Refractory Obturate” – 2014 – Rock & Urbi et Orbi

David Eugene Edwards est un drôle de bonhomme, une guitare dans la main et une Bible dans l’autre. Ses chansons sentent le manteau en cuir mouillé, le crottin de cheval et la boots poussiéreuse. Ajoutons-y le feu sacré des prêcheurs mi-fous mi-aventuriers qui ont dû écumer l’Ouest au temps de sa conquête, et on obtiendra une rock-star improbable, évangélisant les foules depuis bientôt 20 ans, au sein de 16 Horsepower puis de Wovenhand. L’écho qu’il met sur sa voix lui rappelle certainement le doux son des cantiques chantés la larme à l’oeil dans une église vide…

feline-adieu-enfance2) La Féline – “Adieu l’enfance” (Arbobo)
Extrait du EP “Adieu l’enfance” – 2014 – Minimal wave

Insaisissable Féline, créature de nos songes et nos nuits. La revoilà tout en new wave. La distance entre Taxi girl et The XX est franchie. Belles et sombres paroles, ambiance entre chien et loup, il suffirait d’un rien pour qu’elle sorte les griffes. Elle laisse les riffs mener l’attaque et sa voix nous conquérir. Dire que ce nouveau disque ne compte que 3 titres… Cruelle Féline, reviens vite !

release-the-stars
3) Rufus Wainwright – “Going to a town” (Thomas Messias)
Extrait de “Release the stars” – 2007 – Chanson
Comme si son héros ne pouvait plus attendre, le générique de fin du Tom à la ferme de Xavier Dolan se déroule en même temps que la dernière scène. Après avoir agrippé mon coeur et mes tripes pendant cent minutes, le cinéaste accepte enfin de relâcher très légèrement son emprise au gré du délicat morceau de Rufus Wainwright. Et appuie encore un peu plus l’idée, également développée par Édouard “Eddy Bellegueule” Louis selon laquelle la fuite vers la ville serait la seule façon de se tirer des griffes de l’horreur rurale. Idée discutable mais film absolument terrible.

playlist mai paul thomas saunders beautiful desolation4) Paul Thomas Saunders – “Appointment In Samarra” (Alexandre Mathis)
Extrait de l’album “Beautiful Desolation” – 2014 – Pop folk

Il paraît que Paul Thomas Saunders était attendu. Par qui ? Par quelques chanceux ayant entendu l’enivrant “Appointment in Samarra”. Près de deux ans plus tard, l’album sort enfin. Comment ne pas aimer un album avec au nom en forme d’oxymore : “Beautiful desolation” ? Un beau voyage, avec ses moments d’ennui, ses respirations apprêtées, et qui a la politesse de garder pour point d’orgue sa merveille élégiaque “Appointment in Samarra”. C’est comme si on entendait enfin le tube que Fleet Foxes cherchait à faire depuis le début. Le jour où tout sera au niveau de ce vertigineux morceau, Paul Thomas Saunders sera grand.

2013ChildOfLove_TheChildOfLov600G010513 (1)5) The Child Of Lov – “Go With The Wind” (Catnatt)
Extrait de “The Child Of Lov” – 2013 – Electro soul ?

En ce samedi 10 mai 2014, j’ai mis à jour mon pinterest d’albums et j’ai rajouté quelques albums 2013 en rattrapage dont The Child Of Lov. J’avais expliqué que j’étais loin de tout aimer, mais qu’il y avait deux, trois chansons que je trouvais franchement accrocheuses. J’ai même écrit “à suivre”. Et puis, je ne sais pas pourquoi, je me suis mise à faire des vérifications et j’ai appris que cet artiste, Martijn Teerlinck, était décédé d’une opération en décembre 2013. Je me suis retrouvée complètement con avec mon “à suivre”… Ça m’a fait vraiment bizarre. Du coup, je me suis dit qu’un clin d’oeil sur PS était de bon aloi.

index6) Jim Jones Revue – “7 Times Around The Sun” (Isabelle Chelley)
Extrait de “The Savage Heart” – 2012 – rock’n’roll

Sur papier, The Jim Jones Revue m’a toujours plu. Des Anglais pratiquant le rock’n’roll tendance garage, c’est en général ma came, on ne se refait pas. Sauf que… Au bout de deux-trois chansons, je lâchais l’affaire, même en festival où les lads étaient inévitables et donnaient toujours de leur personne. Mais ce n’est pas tout d’avoir du charisme et de la passion à revendre, il faut aussi des chansons. Chose faite avec leur troisième album, excitant de bout en bout, taillé pour la scène, sauvage comme son nom l’indique et plus malin qu’un simple hommage au passé. A l’image de “7 Times Around The Sun”. Calls & responses, piano à la Jerry Lee de bastringue, voix de Jim Jones à vif et ambiance torride, ce morceau-là est un moment de bravoure dont je me lasse pas.

Future Islands - Wave like home7) Future Islands – “Beach Foam” (Christophe Gauthier)
Extrait de “Wave Like Home” – 2008 – Synthpop

Ces derniers temps j’ai beaucoup écouté Future Islands. Avant tout parce que je cherchais à comprendre ce qui me chiffonnait avec eux. Pas la basse, grasse à souhait. Pas les nappes de claviers, pilier du son du groupe et évoquant les très riches heures de l’electro ou de la pop synthétique. Pas la batterie non plus (ou la boite à rythme, c’est selon), sobre, juste comme il faut. Ne reste qu’un élément, le chant. Samuel Herring a un magnifique organe mais il ne sait pas se contrôler, sa voix déraille parfois vers des râles incongrus. Sur scène il prend des airs de Jack Black sous sels de bains, multipliant les excentricités vocales et se lançant dans des pas de danse extravagants. J’aurais pu rejeter en bloc, mais à force de les écouter et les regarder, leurs mélodies s’incrustent et je commence à m’y attacher.

tumblr_lp8onwwzYc1qzezj5o1_r1_5008) The Gun Club – “She’s Like Heroin to Me” (Nathan)
Extrait de “Fire of Love” – 1981 – Le vrai rock’n’roll

Chaque début d’été, je ressors mon Gun Club de ma bibliothèque. C’est le compagnon parfait des quelques mois de grosse chaleur de Montréal, avant de sombrer à nouveau dans l’hiver. The Gun Club, c’est l’esprit du feu, c’est ardent, irrésistible. On sent dans ce Fire of Love l’énergie d’un Fugazi, avec une dimension suave et sexuelle bien plus forte. C’est un truc assez inexplicable qui va tellement bien avec le soleil et la chaleur, et un verre de blanc.

king_street_classic-BIG9) Loop Trick featuring Maria – “Beat Freak (Blaze Shelter Dub)” (Marc di Rosa)
Extrait du maxi “Beat Freak” – 1993 – Deep house
D’une certaine manière, le jazz et la house se rejoignent, même quand elles ne se croisent pas. Autour d’une pulsation rythmique essentielle se greffent les autres éléments musicaux ; c’est sur ce thème qu’improvise Blaze, brillant duo new-yorkais de deep house. Dans leur remix du morceau Beat Freak, produit à l’origine par les japonais de Loop Trick, les percussions, la basse et les claviers groovent de façon endiablée et hypnotique pour faire surgir un scat qui invite à la transe.

220px-Rae&Christian_NorthernSulphuricSoul_albumcover210) Rae & Christian – “The Hush” (Jean-Sébastien Zanchi)
Extrait de “Northern Sulphuric Soul” – 1998 – R’n’B
Parent pauvre de son cousin américain, le hop-hop britannique n’a jamais beaucoup eu la cote auprès des amateurs du genre. Pourtant, à la fin des années 90 débarquait ce duo de producteurs qui en deux albums allaient mystifier les plus condescendants. L’un des sommets de leur premier disque fut ce titre chanté par Sharleen Spiteri du groupe Texas, alors en pleine réinvention pop. En résulte un groove extraordinaire et une mélodie imparable.

NVM11) Tacocat – “Crimson Wave” (Thierry Chatain)
Extrait de “NVM” – 2014 – Surf punk
La troisième vague féministe, les filles (et le garçon) de Tacocat surfent dessus. Littéralement. Le temps des deux minutes de leur ode acidulée à la menstruation, le quatuor de Seattle soulève une déferlante de fraîcheur qui venge de toutes les hypocrites pub pour tampons à liquide bleu. Si les douleurs de ce “moment du mois” sont bien évoquées, c’est avec finesse et légèreté, en enfilant malicieusement les métaphores, et sans oublier d’évoquer les Cramps. Mon tube de l’été funministe… même s’il est sorti cet hiver.

12) Plaid – “Hawkmoth” (Benjamin Fogel)WARP
Extrait de “Reachy Prints” – 2014 – Electro
Chacun des groupes historiques du label Warp génère dans la tête des auditeurs des associations simples (quoique souvent infondées). On vente le culte et le mystère Aphex Twin. On reste perplexe devant les structures d’Autechre. On se laisse pénétrer par la nostalgie en écoutant Boards of Canada. On se réjouit de l’économie de salive de LFO et on rigole face aux ambitions inconciliables de Squarepusher. Oui cela fonctionne pour chacun des groupes Warp sauf pour Plaid. Avec Plaid, on ne pense rien du tout, au point d’oublier qu’il s’agit pourtant d’un groupe tout aussi important que ceux précités. Plaid ne fait ni dans le concept ni dans l’image. Le duo ne se repositionne pas, ne disparait pas, ne revient pas. Plaid ne se consacre qu’à une seule chose : ses chansons ! Des chansons comme la merveilleuse Hawkmoth sur Reachy Prints, le nouvel album. Un jour peut-être parlerons-nous systématiquement de la finesse et de la discrétion de Plaid.

LeTigreRemix13) Le Tigre – “Deceptacon (DFA Rmx)” (Olivier Ravard)
Extrait de “Remix” – 2002 – Musique de Danse

Sous prétexte qu’on les oublie, on ne se demande que trop rarement ce que sont devenues les vedettes célèbres. Prenons par exemple Kathleen Hanna. Kathleen Hanna était la chanteuse de Bikini Kill, puis de Le Tigre, figure de proue du mouvement riot grrrl. Une invraisemblable jeune femme pleine de rage et d’envie, Je l’avais oubliée, Kathleen Hanna. Et puis j’ai vu The Punk Singer, un très joli documentaire sur Kathleen Hanna. On y découvre que Kathleen a cessé de chanter en 2005, que sa borréliose de Lyme — une authentique saloperie – a été diagnostiquée en 2010. On y découvre que Kathleen Hanna est malade. Pas morte. Pas « atteinte d’une longue et douloureuse maladie ». Non, malade qui se soigne et qui enrage en silence de ne plus pouvoir exploser sur scène comme elle le faisait au temps de sa splendeur punk. Séchez vos larmes, ce remix de DFA vous fait bouger les pieds de là à là, comme ceci.

Powell CLub msuic14) Powell – “So We Went Electric” (Dat’)
Extrait de “Club Music” – 2014 – Accident d’avion

Il parait que les temps sont durs, mais que la vie est belle. Agressions et récession, s’injecter du club et prôner la régression. Mettre ses soucis dans un sac, et lesté de plomb, le jeter dans la rivière. Transformons nous en zombies, et bouffons nous les uns les autres. Ce morceau de Powell, c’est un peu comme écouter du Mr Oizo pendant un crash d’avion, avec la carcasse qui se disloque, le vent qui hurle, les tympans qui partent en flammes. J’ai passé pas mal de temps dans mon garage, à taper sur le capot de ma bagnole avec une clef à molette, le moteur tournant à plein régime : cela ne sonnait pas aussi bien que So We Went Electric.

15) DJ Koze – “Marilyn Whirlwind” (Laura Fredducci)dj_koze_amygdala
Extrait de “Amygdala” – 2013 – House accidentée
On a déjà parlé de cet album sur PS et ailleurs, mais le beau temps revient (si si, il revient) et avec ce genre de morceau à la fois gras et subtil, aucune raison de ne pas se sentir en été, des basses qui vibrent dans le ventre, des trouvailles sonores qui titillent et une mélodie entêtante qui donne envie de danser. Le pied.

wovenhand-consider-the-birds116) Wovenhand – “Into The Piano” (Julien Lafond-Laumond)
Extrait de “Consider The Birds” – 2004 – Goth-folk
Il est coutume de dire que Wovenhand, c’est bien, remarquable même, mais que jamais ce projet ne fera oublier les chefs d’oeuvre passés de 16 Horsepower. Je ne ressens pas tellement la même chose. “Consider The Birds”, sorti fin 2004 – soit quelques mois avant la rupture définitive de 16 Horsepower –, est l’album de David Eugene Edwards m’ayant le plus touché, notamment grâce aux discrets apports de folk traditionnel et de musiques est-européennes. Apogée finale de ce superbe album, “Into The Piano” est une balade fantomatique qui me rappelle à plus d’une titre les meilleures morceaux de Matt Elliott. C’est exactement ce qui me touche.

xenia17) Raffaella Carrà – “Rumore” (Lucile Bellan)
Extrait de la bande originale du film “Xenia” – 2014 – Italo disco
À chaque départ pour le festival de Cannes, je prépare une playlist. Un mix crazy, sexy, cool qui m’accompagne pendant 10 jours, m’ouvre les yeux et l’esprit les jours difficiles. Et puis, toutes les années, je fais une découverte sur place. Ça peut être un coup de cœur de concert mais c’est souvent la perfection du choix d’un morceau sur une émotion de cinéma. En fait c’est ce que j’aime dans la musique. Le fait que ce soit un art social qui “s’accommode à” et qui “transcende le”. J’ai de la musique sur mes souvenirs, de la musique sur mes plus belles scènes de cinéma, de la musique sur du quotidien. Ici, c’est un morceau qui réveille mon festival. Deux frères albanais nés en Grèce qui vivent le deuil de la mère en interprétant de l’italo disco (et en boxers s’il vous plait). Un petit moment de grâce. Un grand moment de mon Cannes 2014.

artworks-000078379647-alnsmv-t500x50018) Meek Mill feat. Lil Durk, Shy Glizzy – “Chiraq” (Dom Tr)
2014 – Uzi-rap
Quand le trop sous-estimé Meek Mill et les jeunes icônes Lil Durk et Shy Glizzy s’associent pour reprendre le banger de la meilleure rappeuse du monde, cela donne l’une des meilleurs réinterprétations de “Chiraq”. Un anthem sans concession porté par le beat minimaliste au possible d’Allen Ritter, Boi-1da & Vinylz, réinterprétant légèrement le morceau original. Exit les arpèges au piano, ne reste que les notes angoissantes au clavier, le ronronnement du synth-bass  et les délires gangsta des 3 larrons. Des prestations de haute volée de bout en bout, pour former l’un des singles les plus marquants des semaines écoulées, sans aucun doute. Et Tyga prend cher.