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PS’Playlist juin 2014

Par Collectif, le 01-07-2014
Musique

0602537771455_medium1) Nick Mulvey – “Nitrous” (Catnatt)
Extrait de “First Mind” – 2014 – Folk

Parfois, je m’attache à défendre et faire connaître des artistes, c’est le cas de Nick Mulvey. J’ai eu un coup de foudre dès la première écoute de son album. L’avoir vu au concert au Café de la Danse n’a fait que renforcer cette envie. Je trouve qu’il a de vrais points communs avec Villagers : très belles mélodies, conteur d’histoires, soin apporté à la construction et aux arrangements, feinte simplicité. Pour moi, une des découvertes de cette année.

hypernuit2) Bertrand Belin – “Neige au soleil” (Thomas Messias)
Extrait de “Hypernuit” – 2010 – Western sous la neige
Je ne crois pas au paradis, mais ça ne m’empêche pas d’avoir envie de composer la bande originale de mon éden personnel, faite de chanteurs qui susurrent comme pour ne pas troubler la quiétude des lieux, ne pas réveiller de terrifiants fantômes. Le Paperback Bible de Lambchop et le Music-hall de Dominique A y figureraient en bonne place. On écouterait les albums de Bertrand Belin dans le petit salon en dodelinant de la tête. On vivrait avec l’idée que l’éternité promise n’est qu’une illusion, que tout ça va bien finir par se terminer. Puis arriverait Neige au soleil, et on se dirait que ça n’est pas si grave.

3) Will Stratton – “Gray Lodge Wisdom” (Marc Mineur)WillStratton
Extrait de “Gray Lodge Wisdom” – 2014 – Folk Hanté
La genèse très douloureuse de cet album (il a vaincu un cancer avancé) rend sa lumière encore plus forte. Toujours sur le fil, toujours virtuose, toujours à l’équilibre entre cordes soyeuses et arpèges rêches, Will Stratton étend encore son spectre avec ce morceau lancinant et évident. Ce talentueux jeune homme s’installe pour longtemps…

220px-Veni_Vidi_Vicious4) The Hives – “Hate To Say I Told You So” (Olivier Ravard) 
Extrait de “Veni Vidi Vicious” – 2000 – Musique de Saut et d’Allégresse
La Suède n’est évidemment pas le pays jaune et bleu du meuble en kit, puisque c’est le pays noir et blanc des Hives. Les Hives, voyons :  le groupe le plus jubilatoire du monde, au sens « je fais valser ma bière dans la foule » du terme « jubilatoire ». Ce redoutable “Hate To Say I Told You So”, habile et assumée décalque des Kinks, emblématique de la spontanéité punk de ces jeunes gens,  m’est retombé dans les oreilles il y a peu et m’a fait sourire comme un imbécile tandis que je manquais de fracasser la table basse de mon salon. Saut et allégresse, donc.

Robin Foster5) Robin Foster – “Left Turn” (Anthony)
Extrait de “Where Do We Go From Here” – 2011 – Post-rock emphatique (pléonasme)
Robin Foster compose certainement face à sa fenêtre ouverte sur l’océan Atlantique, observant la répétition des flux de la marée, hypnotisé par sa beauté mécanique et répétitive. Puis, lorsqu’il en a marre de l’odeur du varech et de se prendre des embruns dans la face (la Bretagne est exigeante, parfois…), il se mate un bon Sergio Leone ou un Ridley Scott. Il médite peut-être aussi à l’injustice de la vie, cette chienne qui accorde le succès (publicitaire) à M83 dans cette cour où Robin joue également. Quand la tristesse pointe le bout de son nez après quelques heures de contemplation mélancolique, Robin se lève, ouvre la fenêtre et laisse les embruns venir à nouveau lui frapper le visage pour qu’ils se mêlent à ses larmes.

53636) The Vaselines – “Molly’s Lips” (Isabelle Chelley)
Extrait de “Dying For It” – 1988 – pop
Pour être honnête, je ne connaissais pas les Vaselines avant d’entendre Kurt Cobain mentionner ce groupe de Glasgow et reprendre ses morceaux en live. Et si les covers de Nirvana étaient réussies, dosant bien respect et déglingue, j’ai un faible pour les versions originales, leur côté lo-fi farfelu, fragile, sur le fil du rasoir de la justesse. “Molly’s Lips”, avec ses paroles qui tiennent sur un demi post-it, ses pouets de klaxon incongrus jurant presque avec les guitares à la Byrds, la voix haut perchée de Frances McKee, posée en équilibre instable, mérite de figurer dans le dictionnaire de la pop, à la définition du mot charme.

Nuge7) Ted Nugent – “Stranglehold” (Thierry Chatain)
Extrait de “Ted Nugent” – 1975 – Hard rock
J’avoue, je suis passé à côté de la plupart des groupes de rock intéressants de la seconde moitié des années 80. En suivant un intense cours de rattrapage à Villette Sonique avec Loop, chaînon manquant entre le Detroit haute énergie des Stooges et le drone/noise, leur “Straight To Your Heart” m’a rappelé ce classique de Ted Nugent. Je sais, c’est mal, je devrais avoir honte. Mais parfois, je préfère oublier l’homme et ne retenir que ses riffs. Ben oui, c’est que, avant de devenir l’indéfendable poster boy rock de la NRA, le Nuge fut, deux ou trois ans durant au cœur des années 70,  le grand maître du riff. Un bon cran au-dessus de Jimmy Page, Tony Iommi et autres demi-dieux du hard rock. Et nul n’est plus insidieux que celui-ci, sous-tendant inexorablement ces huit minutes de tension maîtrisée qui ne tournent jamais au bavardage ou à la démonstration.

frank8) Jackson C. Frank – “Just Like Anything” (Alexis Joan-Grangé)
Extrait de “Jackson C. Frank” – 1965 – folk
Jackson C. Frank, c’est un unique album publié en ’65. Avant et après ça, c’est une vie pas mal triste, entre incendie, mauvaises conjectures, troubles cliniques. Un non-destin à la Llewyn Davis, la fiction en moins, ou à la Sixto Rodriguez, le happy ending retranché. Mais en 1965, ce sont 10 chansons folk parfaites, épurées et denses. Une écriture racée et une palette de tons qui donnent à l’album l’aura d’un best of. Derrière la brièveté et l’évidence des compositions, quelque chose affleure qui résiste à l’épuisement, qui semble indiquer l’existence d’un ensemble plus vaste. En somme, 10 chansons qui donnent sacrément envie de partir à la recherche du folk.

9) Wreck and Reference – “Swallow” (Julien Lafond-Laumond)timthumb.php
Extrait de “Want” – 2014 – Violence composite
Avec le temps, j’aime de moins en moins la noirceur en musique, de moins en moins la violence aussi. Alors, pour qu’une sortie noire et violente m’interpelle, il faut qu’elle prenne le contre-pied exact de mon désengagement progressif, qu’elle me surprenne là où je justement n’attendais que du déjà-entendu. Bref, si l’atmosphère de Want est encore trop dépressive pour moi, je suis fasciné par la singularité de ce disque, où à chaque morceau s’invente une nouvelle combinaison étrange entre dark-ambient et hardcore. Sur Swallow, par exemple, on ne sait pas qui l’emporte de la marche traditionnelle ou du bruit industriel, de la voix criée ou de celle simultanément murmurée. On ne sait même pas comment ça fait pour tenir.

LZIII dlx10) Led Zeppelin – “Bathroom Sound” (Christophe Gauthier)
Extrait de “Led Zeppelin III (Deluxe Edition)” – 1970 – Heavy metal à la papa
On va dire que la remasterisation de frais du catalogue du Dirigeable de plomb n’était pas nécessaire. Que Jimmy Page protège ses arrières et assure sa retraite. Que remplir un deuxième disque de mixes différents et de bouts de chansons non retenus à l’époque est passablement vain, d’autant qu’on ne les écoutera guère plus d’une ou deux fois. Mais voilà, c’est Led Zeppelin. Plus de 40 ans après leur sortie, les premiers disques du groupe restent jouissifs. Et puis c’est un peu égoïste, mais je suis très content de retrouver en bonne qualité sur la réédition du III la version instrumentale de Out On The Tiles, rebaptisée Bathroom Sound, et que j’ai écouté un nombre incalculable de fois en bootleg.

11) First Aid Kit – “My Silver Lining” (Benjamin Fogel)01a72c9a
Extrait de “Stay Gold” – 2014 – Folk

Troisième album pour les deux sœurs de First Aid Kit et une qualité d’écriture qui progresse avec régularité et sérénité. Stay Gold contient tout ce qu’on aime chez le duo – à savoir une folk américaine sensible et juvénile qui vient du froid – mais en encore plus raffiné et travaillé. Les arrangements prennent de l’ampleur, la qualité des chansons s’homogénéise, et l’on s’arrête sur chaque titre avec la même ferveur / candeur. Ces filles misent tout sur leur songwriting et elles ont bien raison.

16_Horsepower_-_Sackcloth_'N_Ashes12) 16 Horsepower  – “Black Soul Choir” (Laura Fredducci)
Extrait de “Sackcloth’n Ashes” – 1996 – Folk

Il m’a suffi de voir Wovenhand en concert pour avoir envie de me réécouter toute la discographie de 16 Horsepower. Ses chansons sentent toujours l’Amérique profonde et le mysticisme écorché vif, mais la deuxième formation de David Eugene Edwards tend de moins en moins vers la country/folk et de plus en plus vers le métal. On s’en prend plein la tête, plein les oreilles, dans une violence rituelle qui donne des envies de communion. Pourtant, quand il sort son banjo au milieu de cette débauche de guitares saturées, c’est encore là que ça m’atteint le plus. Alors je rentre et je me remets Sackcloth’n Ashes.

rhcp_freaky_styley 13) Red Hot Chili Peppers – “Hollywood (Africa)” (Marc di Rosa)
Extrait de l’album “Freaky Styley” – 1985 – punk funk
Aujourd’hui affadis et amollis, les Red Hot Chili Peppers ont pourtant connu une période de créativité débridée à leurs débuts, dans un cocktail détonnant de funk, de punk et de rap. Paru en 1985 sur l’album Freaky Styley, Hollywood (Africa) a été produit par l’un des maîtres du genre, le flamboyant George Clinton, qui a amené avec lui ses acolytes funky aux cuivres, Maceo Parker et Fred Wesley. Une joyeuse ode à Hollywood, au groove irrésistible et à l’énergie communicative.

paskine14) Paskine – “North” (Dat’)
Extrait de l’album “NIMROD” – 2014 – Ambiant post-conflit
Il est parfois bon de s’arrêter, de contempler le champ de bataille défiguré par les bombes. Tout est calme, seul le vent souffle et s’enroule dans la poussière. Il y a pourtant beaucoup de violence chez Paskine, avec ce North de terroriste, cet ambiant décharné qui laisse poindre un beat pachydermique à l’horizon. Ca ne fait pas peur, ça étouffe. C’est la nuit blanche, la perte de repère, la solitude. C’est dur mais c’est beau, ça fourmille de détails, ça respire presque, c’est le souffle d’un monstre que l’on entend constamment. Mais Paskine n’est pas rustre, car après t’avoir laissé la gueule en sang dans une ruelle, il te permet d’entrevoir de bien belles étoiles en fin de morceau, pour un album qui ne manque pas de moments de bravoure.

Qleq0ld15) Omar S – “Romancing the Stone” (Nathan) 
Extrait de “Romancing the Stone” – 2014 – House canonique
Si on me demandait de trouver un seul morceau pour définir la house, je pense que je choisirais ce nouveau diamant (vert ?) d’Omar S. Répétition, groove lancinant, beat dément. En 6 minutes 11, Omar S résume tout ce que j’aime dans la house. Avec cette touche de désinvolture propre à ce cher Omar. Oui, c’est figé dans ce son de Detroit, sans risque et sans envie d’aller plus loin, mais des fois, rien de mieux qu’un “instant classic”.

manicure_64016) Manicure – “CНЕГ” (Arbobo)
Extrait de “ВОСХОД” – 2014 – cold wave
Un sifflement perce le silence engourdi, tu ne lèves plus les yeux de ton journal, encore un échange de balles (réelles, les balles), tu ne sais pas distinguer celles tirées par les séparatistes russes et les légitimistes ukrainiens, mais ton voisin prétend que c’est facile (il a toujours menti comme un détrousseur de vieilles celui-là). Ce n’est pas cette année que tu retourneras à Moscou, ça c’est sûr. Un spleen assombrit ton regard et tire ta moue vers le bas. Tu te souviens de ce groupe de cold wave, Manicure, qui embellit les nuits moscovites interlopes. Tu réentends leur musique sans âge et sans espoir, les yeux las du chanteur, les frappes martiales du batteur, et tu ricanes cyniquement. La musique adoucirait-elle les moeurs, qu’on devrait balancer massivement Manicure aux armées de toute la région slavonne. Tu soupires sans trop savoir ce que tu mets dans ce souffle réflexe, et tu montes le son. Le titre parle de neige, et il fait plus de 30 degrés, tout ça n’a pas la moindre sens. Pffff