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2014 vu par Robi

Par Robi, le 07-01-2015
Cet article fait partie de la série '2014 vu par...' composée de 7 articles. Dans l’optique de faire un point d’étape avant de passer à la suite, Playlist Society invite, tout au long de sa série ‘2014 vu par…’, des personnalités (écrivains, musiciens, réalisateurs…) à évoquer leur année 2014. Voir le sommaire de la série.
Introduction d’Arbobo :
Rencontrer Robi fut chaleureux et doux, mais sa musique, ses paroles, ses écrits, dégagent une folle énergie et bien peu de paix. Ardente en concert, intense en interview, puissante sur disque, comment allait-elle se révéler dans un bilan de l’année écoulée? D’abord, elle a répondu à notre proposition par une tradition : Robi a pour habitude d’écrire en fin d’année des textes où elle revient sur tous les moments qu’elle a partagés avec ses proches et moins proches. Et ça en fait, du monde. Et puis ce texte lui ressemble, dirait-on. Amis de toujours, rencontres plus prestigieuses, se retrouvent sur le même plan car ce sont avant tout des échanges. Ce texte, comme la “cavalcade” de son nouvel album à paraître, va constamment de l’avant sans reprendre haleine, chassant l’angoisse par l’action, sans concession envers elle-même mais sans oublier d’avoir de l’humour, dissimulant la tendresse derrière l’attention aux détails quotidiens. Voilà un texte qui ne se livre pas dès la première lecture, mais qui n’oublie pas d’être généreux.

En 2014 j’ai…

travaillé, marché la nuit, j’ai pris des contresens, raté des métros, j’ai souvent été à l’heure et parfois en avance, j’ai fait des cauchemars, je n’ai plus cru en rien et j’ai repris espoir, Julien est passé nous voir, je me suis baignée nue, je n’ai pas assez lu, j’ai compté les jours, j’ai écrit, j’ai composé, j’ai tatoué Guillaume, je me suis tatouée, j’ai tatoué l’homme de ma vie, je suis tombée en panne dans le Cantal avec lui, j’ai bu de la vieille prune en Lozère et du champagne en Corrèze, je suis devenue bretonne de cœur et basque de sang, j’ai pris un chat à temps partiel avec Gwen, à temps très partiel, j’ai reçu le Prix Moustaki, je me suis perdue, je l’ai perdu, je l’ai retrouvé, il m’a retrouvée, j’ai dîné au sénat, découvert l’Inde grâce à Serge et fêté Noël à Pondicherry avec Clément, maman et les petits, j’ai pique niqué dans un appartement vide, mangé trop de raclette et pas assez de rougail saucisse, j’ai trouvé mes limites et les ai dépassées, j’ai menti, je me suis trompée, j’ai encore trop regardé la télévision, j’ai aménagé ma maison, notre maison, et j’y ai arrangé un album, j’ai pleuré beaucoup, j’ai ri aussi, j’ai joué dans un club de pelote basque, une cafétéria, des médiathèques, à Poitiers, Evry, Fontenay sous Bois, Belfort, Nanterre, Seclin, Agde, Pelussin, Pantin, Lautrec, Peyrehorade, la Rochelle, j’ai joué avec Radio Elvis, découvert Le Vauban avec Miossec, chanté piano voix, chanté guitare voix, chanté accapella, chanté avec Marc Desse, chanté avec Maissiat, travaillé avec Katel, enregistré dans la maison de Jean-Christophe à Brumetz, me suis engueulée puis réconciliée avec papa dans la même soirée, j’ai eu un papier dans Elle, j’ai signé dans un label, maman m’a offert deux tableaux, j’ai peint la salle de bain en vert et la cuisine en bleu, je me suis fait masser, j’ai raté le concert de Rita, j’ai travaillé, travaillé, je suis allée à l’anniversaire d’Angèle, à celui de Pierre, à celui de Juliette, on a fêté celui de Noah sur les marches du Sacré Coeur, Luis n’a pas répondu à mes textos, j’ai réalisé deux clips, je me suis abonnée à Mubi, j’ai vu les feux d’artifices du 14 juillet du toit d’une péniche, Marjorie m’a encore dépannée, Maylis m’a encore épatée, Gilles m’a sauvé la mise, Mathieu et Damien ont décidé de se marier, j’ai passé un week end dans la forêt de Compiègne, un autre dans le Loir-et-Cher, j’ai appris à connaitre mon diaphragme, j’ai vu Vincent L en concert, on a rejoint JP Nataf à la plage et pris le petit déjeuner avec Jean-Louis Murat, j’ai découvert que “On ne meurt plus d’amour” servait de bande son aux fashion week de New york et Milan, j’ai eu peur, j’ai eu honte, j’ai eu froid, j’ai encore perdu mes gants, un bonnet, une écharpe, j’ai couru sous la pluie, j’ai vu l’aube se lever avec Isa et Suzanne, j’ai bu beaucoup trop de café à la Bocatta, de vin blanc aux Petits Gros, de bières aux Balades du jeudi, et avec Bernard quelques bloody Mary, je me suis mise au jus de citron et à l’eau, je n’ai pas arrêté de fumer, j’ai écrit, j’ai travaillé, envoyé des centaines de mail et découvert de merveilleux morceaux, j’ai reçu un beau cadeau d’Emma, rencontrée grâce à Sarah, Nelly est tombée amoureuse, Naouel a eu un bébé, Elodie aussi mais je n’ai plus eu de nouvelles, j’ai détesté faire le ménage et la vaisselle, j’ai coupé les cheveux de Benjamin, Je suis allée chez le coiffeur, enfin, je me suis coincé le dos et j’ai eu deux torticolis, j’ai filmé, monté, crié, je me suis mise très en colère, j’ai été déçue, par moi même essentiellement, j’ai trop travaillé, pas assez profité, j’ai perdu quatre kilos et en ai repris deux, j’ai acheté un blender, un manteau et un ensemble agnès B sur un vide grenier, deux jeans noirs, du vernis rouge, de la lavande, du champagne, j’ai refermé la porte, j’ai déjeuné tard, j’ai écrit, j’ai lesté chacun de mes pas, dormi dans une cabane sur l’eau, dans un lit couchette, à l’hôtel, chez l’habitant, sur canapé, j’ai eu des rendez vous, des cours de chants, de petits et de gros soucis, des poux, un malaise, de la chance, 34 ans et un premier cheveu blanc, je suis allé à la poste, au supermarché, en tuktuk et à dos d’éléphant, j’ai taquiné Oscar et câliné Joséphine, j’ai revu Thomas et Marie-Céline, j’ai appelé le plombier, j’ai pendu la crémaillère, fait des crêpes, des noodles instantanées, des grasses mat, des courses, des cauchemars, peu de projets, j’ai fait la gueule, j’ai travaillé travaillé travaillé, je n’ai pas su qui j’étais, j’ai fais du mal, j’ai reçu une friteuse et offert un grille pain, je n’ai pas cassé que des verres, je me suis réveillée amoureuse comme au premier jour, en 2014, je n’ai pas eu le temps et vous m’avez manqué, toujours.

Robi