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Josh T. Pearson est un homme à l’âge changeant. Au premier abord sa fine silhouette voutée et chétive dessine les contours d’un homme vieillissant, d’un homme usé par l’existence, fatigué d’être debout et pour qui la vie se contemple assis sur le perron, la clope au bec le whisky à la main. Avec son regard de chien battu épuisé, on jurerait qu’il a déjà beaucoup trop vécu. Puis soudain il empoigne sa guitare et parcourt le monde : Dallas, Austin, Berlin et Paris ; il vit comme un jeune poète insouciant de 20 ans, comme un vagabond de la beat génération et incarne une jeunesse exigeante et torturée mais définitivement vivace. Mais ce n’est qu’en écoutant ses chansons, lorsque les poils broussailleux de sa dense barbe s’écartent et que son regard à la fois doucereux et tenace nous englobe que la force de ses 37 ans s’impose à notre esprit.

Ce physique évolutif selon les situations s’inscrit dans la lignée de son rapport à l’art. Lorsqu’il est en phase d’écriture Josh T. Pearson oublie tout de son passé, il est impétueux et illuminé et part à la recherche de la chanson parfaite ; dans sa barbe on ne lit que folie ! Jamais alors il n’accepterait de jouer sur scène une chanson de Lift To Experience ! Au contraire, lorsqu’il est accoudé au bar et qu’il cause sereinement de son histoire, il devient un homme d’âge mûr qui regarde avec affection toutes les expériences qui ont fait de lui l’homme qu’il est devenu ; dans sa barbe on ne lit que sagesse ! Et il parle avec une émotion certaine de ces années aux côtés de Andy Young et de Josh Browning. On ne s’étonne pas alors de l’amour qu’il porte à sa femme, la photographe Claudia Grassl : il n’y a qu’une photographe pour saisir d’un seul cliché tant de contrastes.

On a beaucoup dit que suite au cultissime « The Texas Jerusalem Crossroads », Josh T. Pearson était dans l’incapacité d’écrire quoique ce soit contrit qu’il était par la pression et la peur de ne pas réussir à faire aussi bien. La vérité est surtout que contrairement à beaucoup de groupes (à beaucoup de gens ?), il ne s’exprime que lorsqu’il le juge nécessaire, indispensable.

Et de nécessité, c’est bien de ça dont il s’agit avec des chansons comme « Woman, When I’ve Raised Hell » ; une nécessité quasi-religieuse, le besoin vital de pouvoir se raccrocher à quelque-chose alors que tout va mal. Chaque mot, chaque respiration, chaque silence semble avoir été écrit il y a des milliers d’années. « Last Of The Country Gentlemen » est une prophétie, un disque élu comme peuvent l’être ceux de Mark Kozelek et de Joanna Newsom, le tout avec un soupçon de lyrisme racé qui tire enfin un trait entre Jeff Buckley et Scott Walker. Les chansons ne sont pas « longues », elles « sont » sans autre adjectif. On ne décrit pas ce qui existe de toute façon de fait.

Entre deux jobs alimentaires, entres deux voyages intérieurs, Josh T. Pearson avait repris le « I’m So Lonesome I Could Cry » de Hank Williams, une sorte de cri d’intention et de prélude à des chansons comme « Country Dumb ». Il pourrait alors sembler indécent de sourire béatement devant la beauté de ces chansons tristes à mourir, mais la joie qu’elles procurent ne peut pas être contenue. Solitude et joie se nourrissent de la même intensité.

Note : 8,5/10

>> A lire également, la critique de Nathan sur Brainfeeders & Mindfuckers

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