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Ce troisième album de Bill Callahan repose sur une question : How could I run without losing anything ? Tous les titres fonctionnent alors sur des contrastes et des hésitations, quelque part entre l’envie d’être seul et la nécessité émotionnelle d’être ensemble. L’américain n’a jamais été misanthrope et ses envies d’espace et de liberté sont à mettre en phase avec son respect pour les hommes et les cultures.

Le paysage est redevenu vierge et la nostalgie a eu raison de la ville. Plus que jamais, Bill Callahan chante des chansons en regardant la faune avancer à l’ombre des arbres. On l’imagine seul, affalé contre un tronc, les épaules voutées, les bras ballants et sans énergie, on croit voir dans cette silhouette une certaine tristesse, mais lorsque le chapeau de paille tombe, le petit sourire en coin qui remonte au tiers de la joue droite ne laisse aucun doute sur l’espoir qui habite les mélodies.

« Apocalypse » est un album qui sans être joyeux ne s’apitoie jamais sur son sort. Ca sent le printemps et la floraison, les arrangements sont plus riches qu’à l’accoutumé et à chaque pont de nouvelles espèces éclosent au point de voir des réminiscences funk éclaircir le ciel du tableau (« Universal Applicant »). Si le songwriting souffre légèrement (« Free’s ») de ce champ des possibles saisonniers, la liberté qui se dégage des sept titres est revigorante ! Revigorante car il s’agit d’une liberté exploitée avec précaution et conscience, une liberté dont on ne profite pas abusivement pour s’étaler mais pour libérer les sentiments nécessaires – une liberté qui amène forcément à de nouvelles questions (« Riding for the Feeling »).

« Apocalypse » est souvent en équilibre entre deux univers, entre une poésie très ancrée dans le monde (de par ses références ; de David Letterman à Kristofferson) et des problématiques très personnelles (la compréhension par les autres de soi même). On y sent planer l’inquiétude des quiproquos, des fausses perceptions. C’est peut-être pour cela que Bill Callahan sourit : il a envie qu’on lise en lui dans un livre ouvert tout en sachant très bien que ce livre a été écrit dans une langue sibylline. L’apocalypse ici n’est pas politique mais se loge dans nos démons, dans ces démos que nous ne finirons jamais, dans ces messages qui resteront prisonniers.

On retrouve ce même contraste sur « America! », un hymne à la fois contestataire et en même temps porté par un vrai patriotisme. Bill Callahan ne fait pas dans le cynisme, il a déjà trop de fantômes à poursuivre pour en plus ironiser au sein de ses double-messages, mais on peut lire dans ces chansons cette tension qui oppose la ville et la campagne, le présent et le passé, le mythe et la réalité.

Comme Josh.T.Pearson, Bill Callahan est un homme qui fait toujours plus que son âge, et comme l’auteur du Last Of The Country Gentlemen, il utilise ses chansons pour mettre une distance à la fois physique et temporelle entre lui et le monde. A la fin de « One Fine Morning », il répète en boucle « DC450 » (le numéro de l’album au catalogue de Drag City) comme s’il voulait nous rappeler qu’il n’était pas dupe et que derrière ses interrogations, il savait qu’il n’y avait rien de plus qu’un simple numéro perdu au milieu de mille autres numéros. Là encore on pourrait y voir une trace de cynisme, mais il s’agit surement plus d’une illustration de la question How could I run without losing anything ? Fuir signifierait ne plus être un maillon de la chaine et laisser un vide entre 449 et 451. Tout n’est que concession et donc contraste et les chansons de Bill Callahan voguent entre les eaux.

Note : 7,5/10

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