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SEBASTIAN – Total

Par Ed Loxapac, le 30-05-2011
Musique

Comment dissocier SebastiAn, ou Sebastian Akchoté, de l’écurie Ed Banger dirigée par Pedro Winter ? Vaste question. Comment écrire la chronique de son disque sans tomber dans l’écueil du procès envers le label fondateur de son avènement ? Impossible. Alors autant dire tout de suite que je vais assumer pleinement cette chronique à charge. Ah SebastiAn… ce jeune homme glabre qui a toujours l’air défoncé à la came frelatée alors qu’il a désormais les moyens de s’en payer de la bonne. Ce jeune homme toujours équipé d’une clope dont la hype loue le potentiel depuis déjà plus de cinq ans alors qu’il ne compte que 2 EP’s dignes de ce nom, une B.O et un paquet impressionnant de remixes aussi énergiques que brouillons. Alors pourquoi ? Pourquoi est-il capable de remplir les scènes de festivals sur son seul nom ? Parce qu’il compose (travaille) pour le seul label (entreprise) qui vend énormément de musique électronique à l’heure actuelle. En effet, si Ed Banger et Pedro Winter mènent aujourd’hui un train de vie de nabab, ce n’est sans doute pas parce qu’ils font de la bonne musique. C’est avant tout parce qu’ils furent les premiers à monter dans le wagon et à adapter leur démarche artistique (leur image) à la glorieuse société de consommation dans laquelle nous vivons plus que jamais. La stratégie de communication et de commerce est implacable. Les jeunes téléchargent comme des bourrins mais achètent des T-Shirts, des sonneries pour smartphones, des casquettes, des lacets fluos et matent des vidéos sur youtube à s’en abrutir. Vendons leur la musique qui sied parfaitement à leur mode de vie. Vendons leur de l’image. Vendons leur une mode, un courant, qui leur permettra de se reconnaître telle une tribu dans les festivals du monde entier. Fort de son expérience en tant que manager des Daft, Pedro a bien compris tout ça. Et au delà du constat amer, peut-on réellement le lui reprocher ? Il est l’un des rares à posséder un commerce si florissant. Il applique les même recettes qu’un Guetta ou un Sinclar, la béatitude benête et le sponsoring rampant de TF1 ou d’NRJ en moins. La recette a connu ses premiers succès, Justice a fait le reste. Les DVD’s témoignant des excès de ces semblants de rock stars et les clips estampillés Kourtrajmé ont aussi leur part de responsabilité dans cette incontestable réussite. Mais revenons au disque de SebastiAn, ce jeune homme plein de potentiel.

La pochette tout d’abord. Elle est sans doute bien moins narcissique qu’on veut bien l’imaginer. Elle entre parfaitement dans une mécanique bien huilée : provocation + polémique = buzz. La musique on s’en fout parce que de toute façon nous sommes une marque. La musique ensuite. Appliquons ce qui a toujours fonctionné. : Dirty Funk, guitares salaces, turbines et putasseries, énergie rock trempée de sueur. Parce que voilà, le vrai tour de force de SebastiAn est d’avoir rendu l’ensemble de son album aussi daté que Motor et Ross Ross Ross, deux maxis déjà bien périmés. Les invités ensuite. Le très bon Mayer Hawthorne tente de se muer en Prince sur Love On Motion et on se demande bien ce que le transfuge de Stone Throw est venu faire dans cette galère. S’offrir de la visibilité probablement. M.I.A sur C.T.F.O, en voilà une qui n’a plus besoin d’être vue mais qui a sans doute souhaiter profiter de quelque chose de plus crade en matière de production. Titre convenu au possible mais tube assuré. Test déjà réussi. Si on ajoute à cela les énergiques Fried et Total, le cartoonesque et putassier Prime (à se taper des caries), le simple et funky Yes, le gentiment baroque mais pas très hardcore Tetra (allez écouter Igorrr bande de gnous) et le criard Doggg, on a bien ici un album qui fera slamer les fluokids pendant au moins deux ans dans les festivals ou l’ecsta est aussi fraîche qu’un kebab au porc. Ce qui est bien avec SebastiAn, c’est qu’on est sûr d’écouter du Ed Banger. Son album est un pot pourri de tout le meilleur (le pire) de ce que le label français a enfanté de moins bon. Des comparaisons évidentes avec les travaux de Justice, Dj Mehdi et Uffie (même de Daft Punk) apparaissent à l’oreille encombrée. Pas l’ombre en revanche de la désinvolture roublarde d’un Mr. Oizo. Dommage mais peu étonnant. “Total” entre parfaitement dans le plan. Il ne vient en rien rompre avec l’image véhiculée souhaitée. C’est donc qu’il va marcher et se vendre à profit. Que le ciel soit loué. Le syndrome Lorie et son virage artistique dans le décor est évité. SebastiAn peut se rouler des pelles à lui-même pendant encore un bon moment.

Si la génération, qui a accueilli à bras ouverts les exploits de SebastiAn et de Ed Banger, devrait peiner à se régénérer d’ici trois à quatre ans, le label a raison de se gaver avant que la vache n’ait rendu tout son lait. Assister à un live du parisien a quelque chose de si instructif qu’il est néanmoins conseillé de le faire. Ce type est un fake, branleur magnifique qui gigote dans tous les sens pour masquer le fait qu’il ne fait rien sur scène, si ce n’est manier les faders et balancer des turbines en appuyant sur la touche Play. Un mec capable de sortir un remix de Killing In The Name des RATM en 2008 a forcément quelque chose de touchant. Saluons cela et questionnons-nous sur le fait que Flying Lotus soit un des premiers fans de SebastiAn et de la troupe de Busy P dans son ensemble. Saluons les entrepreneurs. Enterrons les musiciens. Quand on écoute SebastiAn et Ed Banger, au moins on n’écoute pas de la musique.

Note : 2/10

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