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Baignades d’Andrée A. Michaud : le mal extra et intrafamilial

Publié le 20 août 2025 aux éditions Rivages

Par Benjamin Fogel, le 20-08-2025
Littérature

Max et Laurence ont enfin réussi à poser des congés pour profiter de quelques jours de tranquillité au bord d’un lac, avec leur fille Charlie, âgée de 5 ans. Mais à peine Charlie met-elle les pieds dans l’eau que le propriétaire du camping débarque en hurlant, exigeant que la petite sorte de l’eau et porte un maillot de bain. Laurence, humiliée par la situation, s’exécute. Quelques instants plus tard, un couple de vacanciers vient apporter son soutien à la famille. Un verre est proposé, et les quatre adultes décident de passer la soirée ensemble. Mais quand l’homme prend Charlie sur ses genoux et dit que lui ça ne l’aurait pas dérangé de la voir toute nue, Max sort de ses gonds, et le frappe.

Aucun rebondissement inutile. Que de l’inéluctable et de l’inarrêtable

Baignades, le nouveau Andrée A. Michaud, vient seulement de débuter que la tension atteint déjà un premier pic. Ces deux événements vont engendrer une réaction en chaîne, dont la famille va devenir, malgré elle, l’un des pivots. Le roman embarque alors le lecteur dans un flot de voix entremêlées, avec dialogues et insultes imbriqués dans la narration. D’une intensité folle, le texte file à toute allure, tel un condensé du talent de l’autrice pour faire jaillir la terreur et l’angoisse. Malgré cette acuité et cette puissance, rien n’est laissé au hasard. Chaque personnage suit sa logique, aussi ravagée soit-elle, sans dévier de sa trajectoire. Aucun rebondissement inutile. Que de l’inéluctable et de l’inarrêtable.

Le risque, à chaque instant, d’être emporté par une vague

Divisé en deux parties, Baignades se focalise dans sa première moitié sur le mal, externe à la famille, qui peut surgir à n’importe quel instant et saisir celle-ci à la gorge. Dans sa seconde moitié, après un saut dans le temps de 4 ans, le roman met en place la démarche inverse. Il s’agit maintenant d’étudier ce qui détruit la famille de l’intérieur.

Les deux parties, maîtrisées de bout en bout, et d’une efficacité remarquable, constituent les deux faces d’une même pièce : le risque, à chaque instant, d’être emporté par une vague, à cause de la colère des hommes. Magistral.