Voyage voyage de Victor Pouchet : L’amour est déclaré

Marie vient de perdre l’enfant qu’elle attendait. Face au chagrin qui menace de les anéantir, Orso, son compagnon, lui propose de tout plaquer – momentanément – pour partir à l’aventure, afin de générer un contrepoids, redémarrer leur vie et pourquoi pas retrouver un peu de joie. Les voilà lancés sur la route à bord de leur Renault 21 Nevada, en quête de la moindre opportunité qui pourrait leur changer les idées, à commencer par la visite des musées les plus atypiques de France, qu’il s’agisse du musée des poids et mesures, du musée de l’amiante, ou encore du musée des pigeons voyageurs – ces derniers symbolisant le propos du roman, via leur aptitude à parcourir le monde tout en sachant toujours revenir à leur domicile.

La force de Voyage voyage est son respect absolu envers la détresse de Marie. C’est un livre d’une douceur, comme on en voit peu. Une douceur, dont on ne perçoit pas les coutures. Une douceur qui n’est pas feinte. Une douceur sensible, au service de l’expérience humaine, qui rappelle la magie de La guerre est déclarée de Valérie Donzelli, pour son aspect grave et joyeux, et sa finesse dans le traitement de la psychologie de ses personnages.

C’est aussi une magnifique histoire d’amour, qui en évite tous les codes pour ne garder que la quintessence d’un couple fonctionnel. Pas de rupture, pas de trahison, pas de tension ou de reconquête. Victor Pouchet construit un récit fluide et rythmé, sans jamais faire de l’amour entre ses protagonistes un enjeu narratif, sujet aux variations. Voilà un de ces romans qui donnent toutes ses lettres de noblesse au genre feel good, tant malgré la tristesse sous-jacente, on en ressort plein d’espoir.