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JEFF MILLS (A la cité de la musique)

Le 10 mai à Paris

Par Jean-Sébastien Zanchi, le 11-05-2011
Musique

La Cité de la musique accueillait ce soir Jeff Mills pour y présenter sa nouvelle création ciné-mix. L’Américain s’attaquait cette fois-ci au Voyage fantastique de Richard Fleisher.

Sorti en 1966, ce film de science-fiction nous ramène directement à l’époque de la guerre froide. Alors que les États-Unis ont mis au point un procédé de miniaturisation, ses scientifiques butent sur un obstacle majeur : faire durer le procédé plus de soixante minutes. De retour de l’autre côté du rideau de fer, l’un d’entre eux se fait attaquer par les Russes alors qu’il vient de poser les pieds sur le sol américain. Pour résorber le caillot de sang dans son cerveau qui le maintient inconscient, un sous-marin et son équipage vont être rapetissés puis injectés dans le système veineux du patient. Commence alors une aventure extraordinaire émaillée de rebondissement au coeur même du corps humain.

Pas évident pour Jeff Mills de caler cette fois-ci sa bande-son sur un film parlant. Habitué lors de ces précédentes créations aux vieux longs métrages muets (Metropolis, les Trois Âges, Forfaiture et Octobre), le musicien devait ici laisser une place au dialogue. C’est ainsi que durant tout le début du film, il ne toucha pas à ses machines. L’introduction pourtant muette se suffisait à elle-même, véritable ballet d’avions sur le tarmac d’un aéroport, au son entêtant des réacteurs. Puis s’en suit l’installation de l’intrigue, exposant le préalable à l’aventure et expliquant son but. On réalise ici l’image formidable qu’avait alors la technologie dans les années soixante. Si les procédés techniques pouvaient alors sembler ridicule (on pense aux petits radars disposés autour du crâne du patient pour évaluer la position du sous-marin), on est surtout marqué par la confiance aveugle portée aux innovations et inventions toutes plus incroyables pour l’époque. Contrairement à aujourd’hui, la technologie n’était pas une menace, mais un progrès.

Puis l’aventure commence enfin. Le sous-marin est injecté dans le corps du scientifique malade. Un moment parfait pour que la scénographie de la Cité de la musique se modifie. S’accordant aux couleurs chatoyantes dans lesquelles navigue l’équipage, les côtés de l’écran dévoilent des toiles tendues où l’on projette les couleurs correspondantes. Entre elles sont disposés des ballons en mouvement symbolisant cellules et globules rouges croisés tout au long du voyage. Jeff Mills impose alors sa patte. Le musicien déroule dans un premier temps des motifs sonores répétitifs et introspectifs lors de la navigation de l’équipage, comme pour renvoyer à la réflexion intérieure que procurent les voyages. Lors des scènes d’action, Mills habille là le film de nappes aussi tendues que le suspens affiché à l’écran.

Le résultat est d’une réussite totale. L’Américain colle parfaitement au scénario et aux dialogues qui prêtent parfois à sourire. On adore ainsi les phrases philosophiques solennelles du professeur en charge d’opérer le malade (« Nous voilà au coeur de l’esprit humain » lorsque que vaisseau entre dans un cerveau représenté par des synapses électrifiées) ou des répliques dignes d’un bon Stalonne du général en charge de l’opération (« Ce n’est pas le moment de manquer de sucre », déclame-t-il alors qu’il en est à court dans son café). Puis le Voyage fantastique est surtout une ôde à la naïveté et à une époque où l’on pensait que le progrès permettrait de résoudre tous les problèmes du monde. Loin des tracas adultes, ce film est une véritable madeleine nous ramenant directement à notre enfance. En cela Jeff Mills a parfaitement réussi son coup.

>> Un toit, un avenir : aidons Haïti à se reconstruire : Playlist Society soutient Planète Urgence dans le cadre de l’opération humanitaire “Un toit, un avenir” qui s’adresse aux populations sinistrées par le séisme de janvier 2010. Ce projet porte sur la réhabilitation des habitats et un appui aux activités économiques. Laurence Guenoun, photographe, est parti là-bas pour faire des reportages et des photos. Elle en est revenue avec une idée précise : agir à son niveau et partager ses connaissances avec des enfants. Elle aimerait donc leur fournir des cours de photographie et monter des ateliers d’apprentissage sur place. Afin de trouver les fonds nécessaires pour cette opération, elle organise avec Planète Urgence une vente de photos : https://www.planete-urgence.org/nous/vente-photos-haiti.php