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IT’S A FREE WORLD de Ken Loach

Par Benjamin Fogel, le 24-01-2008
Cinéma et Séries

It’s a free world est un drame social vécu de l’intérieur. Plutôt que de tourner une énième mise en scène des pauvres contre les riches, Ken Loach choisit ici un angle d’attaque différent, celui de l’impact de la société sur la morale des gens à faibles revenus, celui des pauvres qui exploitent les encore plus pauvres. Ici nous ne sommes plus dans la lutte des classes mais dans la lutte interne de la classe. Ken Loach s’attaque à ce thème comme un constat, le dénonce mais sans vraiment croire à la plausibilité d’un retournement de situation.

Comme souvent, il y a un combat entre les personnages et le discours social pour savoir qui aura le premier rôle du film. Après s’être fait virée de sa boite pour avoir refusé les avances sexuelles d’un de ses patrons, Angie, mère célibataire avec un enfant éduqué par ses grands parents, se retrouve à monter avec sa colocataire une société d’intérim spécialisée dans la vente d’heures de travail réalisées par des immigrés démunis. A travers elle, Ken Loach veut nous faire ressentir combien le contexte économique transforme les gens et déstabilise leur morale, combien l’apparition de concepts comme la flexibilité implique la précarité. Mais comme souvent le réalisateur se perd entre sa volonté de finesse psychologique et son besoin de faire de son film un manifeste politique. S’il arrive à nous persuader, au travers de Kierston Wareing, de tout le dualisme de son personnage principal – cette dernière alternant altruisme et égoïsme, compassion et mépris, compréhension et incompréhension – il sombre, une fois de plus, dans la description d’une société un peu trop manichéenne. Ici les immigrés sont tous des gens honnêtes et travailleurs et lorsqu’ils kidnappent le fils d’Angie, ils ne veulent pas plus que « ce qu’on leur doit ».

Si l’intention politico-sociale est comme toujours très noble, il n’empêche qu’elle dessert la violence du film et du propos. Et puis, il y a un certain énervement à voir Angie entourée de tous ces personnages qui ne servent qu’à souligner l’évolution de sa morale. L’incarnation de Ken Loach dans le film est bien le père d’Angie, un ouvrier à la retraite, plein de bonnes intentions et de bon sens humain, qui ne comprend pas pourquoi le monde devient ainsi, pourquoi il se déshumanise, et qui au fond préfère bien ne pas comprendre.

Note : 6/10