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Herwann de Blog Culturel m’avait prévenu : Traces du Sacré est une exposition lourde et massive contenant pas moins de 350 œuvres réparties sur 24 pièces. Dès les premières secondes, on sait de suite que l’on a bien affaire à la nouvelle expo du Centre Pompidou, on y retrouve toutes les qualités mais aussi les défauts : d’un coté l’ambition, le sérieux du thème, le souci du détail, de l’autre un aspect fourre-tout, une certaine difficulté à aller à l’essentiel et à synthétiser le message.Traces du Sacré met en scène l’impact de la religion sur l’art et ce dans un processus réflexif complètement détaché de l’influence de l’art religieux à proprement dit. Avec le sexe, la religion (religion dans le sens métaphysique et recherche du sens de la vie) est de loin la source d’inspiration qui aura transcendée le plus d’artistes. Aussi peut être était-il un peu trop ambitieux de vouloir présenter ces Traces du Sacré dans leur ensemble. Effectivement la religion est un sujet tellement vaste ayant des implications et des répercussions dans tous les thèmes de la vie, que l’exposition perd vite en cohérence. Les thèmes de la genèse et du retour à la nature se frottent à ceux de l’apocalypse, la spiritualité païenne succède aux danses africaines, l’amour de Dieu s’oppose à la négation de celui-ci et deux toiles de Mondrian (« Composition avec deux lignes » et « Evolution ») se retrouvent à quelques mètres l’une de l’autre alors que tout les séparent. Certains choix d’œuvres sont mêmes discutables car ils jouent trop la carte de la controverse et de l’anti-sacré, je pense notamment à « La Prière » de Man Ray et à « La vierge corrigeant l’enfant Jésus » de Ernst. Mais heureusement, les textes explicatifs sont fouillés et si parfois ils partent vraiment dans des délires trop lointains, ils arrivent à créer une certaine poésie qui relie l’ensemble. On sort avec l’impression que la religion est partout, cause et solution de tous les maux de l’homme ; source d’harmonie et leitmotiv du totalitarisme, idée mise en évidence par « Him » de Maurizio Cattelan, l’une des pièces phares de l’exposition se trouvant dans la salle Apocalypse 2. Mais il ne faut pas se mentir, ce qui provoque l’émerveillement ici n’est pas le thème mais les œuvres qui le composent. Une fois de plus, Le Centre Pompidou ne lésine pas sur les moyens et fait venir ici, des œuvres que peu de parisiens ont du avoir l’occasion de voir en vrai. Le magnifique « Komposition IV » de Kandinski est fraîchement débarqué de St Peterbourg, alors que l’impressionnant « La guerre » d’Otto Dix (que Maillol n’avait pas réussi à avoir pour « Allemagne : Les Années Noires ») a été emprunté au Kunsthalle de Hambourg. Otto Dix, toujours superbe, est d’ailleurs à l’honneur avec 3 toiles et complète bien l’impressionnante collection de toiles passionnantes que nous propose Beaubourg. Je conclurais sur cette phrase de New Man qui traîne sur l’un des murs de l’expo et qui résume bien ces 24 pièces : « Le premier homme était un artiste ».

Note : 8/10