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Tout comme Lee Miller, Richard Avedon a été maître dans les deux domaines phares de la photographie : la presse et l’art. D’abord spectateur de son époque, il évolue au fur et à mesure vers des portraits de plus en plus artistiques, symbolisé par la collection « In The American West » qui au travers de centaines de photos devaient révéler la vraie nature des hommes et femmes des terres de l’ouest ; une œuvre journalistique, un vrai travail de commande qui s’est transformé en projet plus que personnel. Ainsi « Photographs 1946-2004 » résume toute cette évolution. Divisée schématiquement entre ces deux périodes distinctes, l’exposition commence sur les portraits de son époque fashion. On y croise Bob Dylan et les Beatles, on y est effrayé par le torse d’Andy Warhol ou par les mimiques de Stravinsky. Les pianistes sont d’ailleurs tous en transe. Véritable précurseur dans la recherche de l’émotion photographique, Avedon combat tout classicisme du portrait et se focalise sur les instants d’humanité. Ce qu’il y a de beau avec lui, c’est cette capacité à photographier d’égal à égal le président des Etats-Unis et un esclave ; il y met la même force, la même précision. On découvre également les photos touchantes de son père photographié chacune des dernières années de sa vie ; la pellicule suivant l’évolution de la vieillesse (et déjà de la maladie ?). A l’étage, on se retrouve nez à nez avec la femme d’Avedon qui sous l’objectif devient une star de cinéma proche de Jane Birkin ; c’est ravissant de voir comment l’amour et son talent transforment une inconnue en icône. Puis vient « In The American West », une série passionnante donc, qui fait froid dans le dos par le réalisme de son procédé technique (fond blanc et modèle qui fixe l’objectif) qui s’oppose à l’étrangeté du rendu (« BJ Van Feet 9 ans », « Ronald Ficher apiculteur »). Il y a aussi la pièce noire et la thématique des mines de charbon, du pétrole. Et puis on croise même Les Frielander qui avait occupé les murs il n’y a pas si longtemps que ça. Pur et plein d’humanité tout en étant toujours légèrement dérangeant, une exposition bien convaincante de plus pour le Jeu de Paume.

Note : 8,5/10