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BURN AFTER READING de Joel et Ethan Coen

Par Benjamin Fogel, le 11-12-2008
Cinéma et Séries

Depuis le début de leur carrière, les frère Coen ont toujours alterné chefs d’œuvres (« Barton Fink », « Fargo », « The Barber » « No Country For Old Men » et films plus anecdotiques (« Arizona Junior », « Intolérable Cruauté », « Lady Killers »). Il ne s’agit pas de fautes de goûts mais d’un vrai mode de fonctionnement, les deux réalisateurs ayant envie de se faire plaisir et probablement de se détendre entre deux films ambitieux. Sachant ça, « Burn After Reading » fait clairement partie de la deuxième catégorie. Il s’agit d’un film court, léger et qui a plus l’apparat d’une blague potache que d’une cartographie de la bêtise humaine, le thème phare des deux frères.

A partir de là, on peut soit accepter ce constat et en prendre parti, ne pas bouder son plaisir et rigoler franchement devant le scénario alambiqué, les quiproquos permanents et la gallérie exceptionnelle d’acteur, soit se dire qu’il est temps que ça suffisse et qu’il y en a marre que les Coen perdent leur temps avec des broutilles pareilles.

Personnellement, je me situerais un peu entre les deux. « Burn After Reading » est un film léger mais qui propose des personnages géniaux, tous interprétés par la crème des acteurs américains qui n’hésitent pas à se tourner en dérision. Comme dans « O Brother » et « Intolérable Cruauté » George Clooney met toujours en avant un petit tic récurent comme le fait d’aller courir après le sexe, et se ridiculise avec plaisir notamment lors de sa fameuse roulade pour récupérer le flingue. Brad Pitt excelle dans son rôle de sportif écervelé et prouve comme Clooney qu’il est à des années lumière de son passif de jeune premier (même si à 45 ans, il en fait toujours 30) et Richard Jenkins porte sur lui le passif du looser attentionné. Les situations sont cocasses et les dialogues comme toujours de très bon niveau.

Le problème c’est que très vite on se dit que sans ses acteurs, le film ne serait tout de même pas grand-chose. Premièrement, il manque fortement de consistance et de corps. Deuxièmement, on ne peut pas dire que les frères Coen se soient vraiment foulés sur la mise en scène : la photographie est loin d’être au cœur du récit, la musique n’est pas forcément bien utilisée, et parfois l’impression de rythme est purement artificiel. Mêmes les cadrages laissent froid et les quelques plans sympas (notamment lorsque la caméra suit les personnages au ras du sol dans les locaux de la CIA) semblent piqués dans les précédents films du duo. Et puis comme souvent chez les Coen, tout cela manque tellement d’humanité et d’émotion qu’il en devient impossible de s’intéresser au devenir des protagonistes. A force de se fouttre de la gueule de tout le monde, de se lancer dans la parodie et dans la caricature à la moindre occasion, les frères Coen en oublient trop souvent ce qui fait normalement la force de leurs films : la poésie (cf « Le Grand Saut »).

Voilà un Coen mineur, forcément très sympa puisqu’il s’agit des Coen, forcément décevant parce qu’on attend mieux des Coen.

Note : 6/10