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COURIR de Jean Echenoz

Par Benjamin Fogel, le 25-12-2008
Musique
Dire que « Courir » ne serait qu’un copier/coller du précédent roman de Jean Echenoz, dire que ce dernier aurait juste remplacé Ravel par Emile Zapotek et usé des mêmes techniques serait sans doute fondé mais tromperait forcément le lecteur en lui laissant supposer qu’il est de ce fait moins pertinent et qu’il sent le réchauffé. Il en est évidemment tout autre. En continuant de faire dans la biographie et en s’attaquant à une icône du sport, à l’homme qui allait courir le plus vite au monde, Jean Echenoz redémontre une fois de plus son talent en appliquant son style unique, mélange de rigueur documentariste et d’envolés littéraires incisives. Il arrive à passionner le lecteur sur l’un des sujets les plus plats possibles et ce sans faire ni dans le sensationnalisme ni dans e portrait psychologique poussé. Non Jean Echenoz ne traite que des faits, il n’y a pas une pointe de fiction dans son oeuvre, et pourtant la force des mots passionne. Le rythme, l’humour sous-jaccent et les descriptions de courses accompagnées de milles détails sur l’effort et sur la démarche de Zapotek, créent une envie irrésistible d’approfondir le parcours du sportif tchèque, et ce même si l’on soucie du sport comme du dernier album d’Hélène Segara. Effectivement Echenoz qui ne traite comme dans «Ravel » que de l’humain et jamais de la légende, dresse un portait passionnant mais sans jamais inventer des problèmes, sans jamais avoir la prétention de connaître suffisamment Emile pour savoir ce qu’il pensait, sans jamais lui prêter de fausses intentions pour le bien fondé de son histoire.

Au milieu des écrivains français moribonds, il est stupéfiant de voir combien Jean Echenoz est un niveau au dessus en terme de style. Chaque mot, chaque virgule semble avoir été pesé dans un souci maximum d’économie de moyen. « Courir » ne souffre d’aucune fioriture, il va à l’essentiel, entraîne le lecteur à tout allure dans sa puissance stylistique tout en s’assurant de ne jamais le perdre. Malgré ses quelques 150 pages, il ne s’agit pas d’un livre court mais bien d’un pavé dont on aurait gardé que la substance essentielle.

Certains n’y comprendront rien et ne verront là dedans qu’un essai purement journalistique. De mon côté, à part lui reprocher de ne pas appliquer ses dernières trouvailles stylistique à des histoires plus personnelles comme celle de « Je m’en vais », je ne me permettrai pas de m’attaquer à ses mots qui vont déjà trop vite pour moi.