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LARGO WINCH de Jérôme Salle

Par Benjamin Fogel, le 22-12-2008
Cinéma et Séries
Fin 2007, pas mal d’entre nous attendait le diptyque Mesrine comme le film qui allait bousculer les habitudes et prouver qu’en France on pouvait faire du cinéma comme les américains, qu’on savait nous aussi mélanger gros budget et scénarios ambitieux. Mais malgré ses tentatives et ses grandes qualités, Mesrine restera un projet on ne peut plus français dans son approche. Non celui qui prouverait qu’en France aussi on savait faire du gros blockbuster de qualité n’était pas à chercher de ce côté. Pourtant dès décembre 2007, il avait pointé le bout de son nez via le lancement de quelques affiches disséminés dans Paris ; une affiche somptueuse où Tomer Sisley posait fièrement, couteau à la main, au premier plan d’un Hong Kong stylisé par la photographie.

Voilà, n’allons pas par quatre chemins, Largo Winch est le film que la France n’avait jamais réussi à faire, un film d’action efficace et violent tout en restant classieux, un vrai équivalent européen à la franchise James Bond. Alors bien sûr, ça a ses qualités et ses défauts. Les défauts sont implicites : si ce film n’avait pas été un film français, il n’aurait jamais attiré une telle attention, au mieux on l’aurait qualifié de film sympathique, au pire on l’aurait ajouté à la longue liste annuelle des bouses américaine. Car à force de vouloir se la jouer à la ricaine, Jérôme Salle a finit par reproduire les mêmes erreurs que ses confères d’outre-atlantique : son film manque d’émotion, les personnages sont parfois un peu lisses et au contours psychologique mal défini, et au final on a parfois l’impression de voir un film tourné au quatre coins du monde avec des personnages mal doublés. Les scènes les pires étant celles où se réunit le conseil d’administration : les acteurs jouent atrocement mal et les dialogues, qui ne souhaitent pas perdre le spectateur dans des détails financiers techniques, font surtout dans le pastiche et la caricature (Non, Little John c’est une OPA la pire des attaques post modernes ; d’ailleurs en passant un petit plaisir dont on ne se lasse pas ici). Un film d’action plutôt convenu donc.

Mais voilà rien y fait malgré ça on a quand même envie d’aimer Largo Winch. Le scénario se déroule de manière conforme à la BD et en respecte totalement l’esprit. Personne ne se sent trahi et les acteurs endossent avec crédibilité le rôle culte qui leur est assigné. Et s’il n’est pas facile d’hériter du rôle d’un bon héros à la Largo Winch, Tomer Sysley s’en sort avec les honneurs remplaçant le « Bond, James Bond » par un simple « Largo, juste Largo ». Du coup on se laisse aller à toute la panoplie de techniques de réalisations que met en œuvre Jérôme Salle : rapidité des zooms avant/arrière, caméra au point, courts plans séquence accompagnant et découpant l’action. Il suffit de se laisser happer par le combat final opposant Largo à Marcus pour capter tout le talent de Jérôme Salle. Clairement ce type n’a rien à envier à ses collègues anglophones, et rien que pour ça Largo Winch mérite notre respect.

Filmé à 200 à l’heure, porté par des acteurs qui savent où ils vont comme Gilbert Melki et Miki Manojlovic, Largo Winch remplit son rôle d’amorceur de saga. Très loin d’être un grand film mais arrivant à provoquer l’excitation, Largo Winch donne envie de voir Largo Winch 2. Pouvait-on espérer mieux pour un tel film ?

Note : 5,5/10