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Tout le monde à un avis sur U2. Il y a ceux qui confèrent au groupe un statut culte que rien ne viendra jamais remettre en cause et il y a ceux qui ne cessent de rigoler quand ils entendent que U2 pourrait prétendre au titre de meilleur groupe du monde. Il y a ceux qui ont été déçus par les derniers albums et il y a qui ceux qui trouvent toujours de bonnes excuses aux irlandais. Les habitués de Playlist savent déjà très bien quel est mon opinion sur U2, mais pour cette chronique de « No Line On The Horizon », je vais complètement faire fi du passé, et juger ces titres sans aucun à priori. J’espère ainsi éviter dans les commentaires, les usuels « Si c’était un premier album, vous crieriez au génie » et autres remarques visant à faire croire que le critique n’aime jamais les groupes qui ont bien réussi et qu’il préfère toujours s’emballer pour des groupes faussement hype.

Alors c’est parti. Guitare et batterie compressés, nappe de clavier évolutive, malgré le chant très année 90 de Bono, « No line on the horizon », qui ouvre l’opus, propose un développement instrumental de qualité. Puis à 2 min 10, c’est le drame, Bono se lance dans un passage de « Ahohahoh » des plus déplaisants ; heureusement ça ne dure pas si longtemps, malheureusement ça revient pas longtemps après. « Magnificient » commence de la même manière, c’est-à-dire très bien. Intriguant, avec un riff à la The Edge efficace, il s’agit assurément d’un titre de qualité qui mériterait sa place de deuxième single. On sent bien la production de Brian Eno et que ce dernier à pousser le groupe vers un retour à la création artistique, enfin du moins c’est ce qu’on essaye de se persuader en ce début d’album. Puis dès la troisième piste, tout s’écroule. 7 minutes 20 au compteur pour « Moment of Surrender », un titre complètement râté, avec un côté dub insupportable et un Bono qui en fait trois fois trop, le tout débouchant sur un refrain complètement à côté de la plaque. Et en plus on ose nous refaire le coup des « Ohohohoh » en fin de titre. Au moins à se stade là, on se dit que le groupe a abandonné toute velléité commerciale. « Unknown Caller » commence sur devinez quoi ? Un « Ohohoh » qu’on retrouvera de plus tout au long du titre ! Merde ça a vraiment l’air d’être la thématique de l’album. Le titre n’est pas non plus sauvé par les riffs peu inspirés de The Edge (ce solo à la fin, est-ce bien raisonnable ?) ; vraiment sans intérêt.

A ce stade là, on se réecoute « Magificient » pour se rassurer puis on attaque « I’ll go crazy if I don’t go crazy tonight ». Non ce n’est pas un nom piqué chez Franz Ferdinand, c’est juste le titre d’une chanson de U2 sans panache qui recycle pas mal des idées du groupe, toute originalité proscrite. Au milieu de tout ça « Get on your boots », le premier single, apparaît comme un titre puissant et excitant avec ce petit côté LCD Soundsystem sur les couplets et Queens Of The Stone Age sur le refrain. Un petit pont efficace, un côté vraiment sexy, je me surprends à vraiment beaucoup aimé ce titre qui sonne jeune et actuel. Au contraire « Stand up comedy » semble complètement dépassé, avec son « stand up » répété, qu’on imagine repris par la foule, et qui ne manquera pas non plus de déboucher sur le désormais fameux « Ouhouh ». Là, la déception est telle qu’on est à deux doigts d’arrêter l’écoute. Heureusement il y a un petit regain d’intérêt avec « Fez – Being Born » qui de par son intro un peu expérimentale qui débouche sur un riff discret mais rageux, réjouit. Je ne sais pas il y a un petit truc emotionnelement pas mal dans cette chanson, un petit côté Arcade Fire peut être. Mais tout ça est très vite contrebalancé par le retour à l’ennui provoqué par « White a snow » le type de chanson que n’importe quel groupe pourrait écrire, qui ne nécessite aucun talent. « Breathe » est le genre de chanson que les groupes calent en fin d’album, une bonne face B quoi. « Cedars of Lebanon » est la classique ballade de fin d’album, exercice que, bien heureusement, le groupe maîtrise correctement.

Pris dans son ensemble « No Line On The Horizon » laisse perplexe, tant il s’agit dans ses grandes lignes d’un très mauvais album. Une jolie pochette, quelques déclarations bien placées du groupe, et un Brian Eno aux manettes, laissaient espérer le grand retour de U2, il n’en n’est plus que rien. Sorti des trois bons titres évoqués plus haut, tout ici est ampoulé et surjoué. Il faut quand même attribuer une mention spéciale à Bono qui gâche particulièrement l’album à cause de ses « Ouhahah » et de ses « Ohohoho » incessants, comme si trop occupé à sauver le monde, il en avait oublié de trouver le temps pour écrire des textes. Sérieusement écoutez l’album, chronomètre en main et comptez le nombre de fois où Bono perd le fil.

Ces derniers temps, on a beaucoup dit que Coldplay se rêvait de prendre la place de U2, de devenir calife à la place du calife. Et bien franchement en comparant « Viva La Vida » à ce fade « No Line On The Horizon », on se dit qu’ils le mériteraient bien. Vraiment étrange de voir un groupe de cette importance sortir un tel disque.

Note : 2/10