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Archive sort d’une longue traversée du désert (« Noise » et « Lights »). Comme suite à un trauma, indubitablement lié aux incessants changements de line-up, le groupe a eu besoin de temps pour se reconstruire, pour retrouver sa voie. Ayant redéfini là où il voulait aller, là où étaient ses points forts et son talent, Archive revient aussi fort qu’à l’époque de « You all look the same to me ».

« Controlling Crowds » s’ouvre sur un long titre eponyme porté par un beat typiquement abstrackt qui officialise dès le départ le retour à la créativité. Puis tout de suite après vient « Bullets », un single pas si éloigné que ça d’un Radiohead. Possédant une structure évolutive mélangeant guitares et sonorités électroniques, le titre décolle à partir d’1 min 40 via une boite à rythme soutenue par des nappes douces et ambiantes, pour finalement complètement s’envoler à 3 min 15 grâce à une parfaite complémentarité piano/guitare. Quoiqu’on reproche à Archive, on ne peut dès lors que s’incliner devant le fait qu’ils soient capables d’écrire de tels titres.

Pourtant après ce début prometteur, je ne peux cacher que je trouve l’album difficile à aborder tant il est déséquilibré : les passages ampoulés annoncent des moments puissants tandis que les instrumentations chiantes s’acoquinent avec des développements passionnants. « Words on Signs » ne me convainc que partiellement, la voix de David Penney ne prenant pas suffisamment aux trippes pour en faire un grand titre folk, mais reste néanmoins intriguant. De même, « Dangervisit » commence comme du mauvais Genesis avant de partir sur quelque chose d’intense soutenu par un riff rageux comme le groupe n’en avait pas sorti depuis longtemps.

Puis arrive « Quiet Time », un titre porté par Rosko John, le rappeur qui illuminait certains titres du chef d’œuvre Londinium, et là tout s’éclaire. Archive ne cherche pas un successeur à « You all look the same to me » mais bien à synthétiser toute sa carrière à travers des titres où se croisent rock progressif et trip hop. Malheureusement malgré le plaisir de réentendre Rosko John, « Quiet Time » reste un titre moyen rappelant les égarements de Tricky.

« Collapse Collide » met beaucoup de temps à démarrer, gagne ensuite un peu en intensité, mais s’écroule la faute à l’insupportable voix de Maria Q qui s’est un peu trop cru à La Nouvelle Star. Je ne suis pas très objectif mais je ne supporte pas la voix de Marie Q, une voix belle mais impersonnelle, professionnelle mais qui ne transmet rien (ce n’est pourtant pas les bonnes chanteuses qui manquent). Du coup celle-ci gâche l’excellente instrus du titre.

Au contraire, malgré une intro un peu longue, « Clones » est vraiment très bon titre sur toute la ligne et je réalise combien je suis plus à l’aise avec la voix de Pollard Berrier. « Bastardised Ink » prend une orientation clairement plus hip hop un peu gâchée par les samples de cœurs féminins, mais est lui aussi sauvé par une instrus brillante. « Kings of speed » est sûrement dans ses premières minutes le titre le plus joyeux de l’opus et prouve (s’il était encore nécessaire de le faire) la variété du champ d’action d’Archive notamment grâce à un passage shoegaze très crédible. Un autre excellent titre du niveau de « Bullets ». Je passe sur « Whore » chanson très convenue guidée comme par hasard par Marie Q, qui aime beaucoup dire « You’re just a whore and nothing more », pour me focaliser sur « Razed of the ground », un titre sombre où Rosko John se bat avec des sonorités electro-indus ; passionnant.

A la fin de l’écoute de ce long « Controlling Crowds », difficile d’émettre un avis, tant le très très bon côtoie le très mauvais. En premier lieu, ce qui est sûr, c’est qu’Archive est redevenu un bon groupe, un groupe qui compte. Maintenant le côté best of, et le manque de cohérence induit par la multitude de chanteurs ne joue pas en leur faveur. Je reste partagé entre les moments de platitudes où la voix ne relaye jamais l’ambition et l’émotion que les deux compositeurs voudraient insuffler, et ses moments de génie où les instrumentations se permettent des envolées brillantes. Mais il faut bien trancher, ma conclusion est donc la suivante : Darius Keeler et Danny Griffiths, les fondateurs et piliers d’Archive, sont bourrés d’idées mais n’arrivent pas à bien s’entourer. Il leur manque des interprètes capables de prolonger leur vision et de retranscrire leur talent. Archive est un groupe encore en pleine mutation, qui se remet difficilement de sa rupture. Le jour où il retrouvera l’âme sœur, nul doute qu’il nous sortira un nouveau chef d’œuvre.

Note : 6/10