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Depuis un an le monde de la musique voit ses fondations s’effondrer. Les uns après les autres, les mastodontes internationaux sortent des albums dénués de créativité, de prise de risques : U2, AC/DC, Gun’s’Roses, Bruce Springsteen… Combien d’albums publiés récemment par les grosses machines du patrimoine du rock ne m’ont-ils pas ennuyé dès les premières secondes ? Reponse : quasiment aucun. Ah si il y a bien eu le Cure (mais je ne suis pas vraiment objectif avec la bande à Robert Smith) et le Metallica (mais là c’était tellement inespéré que j’ai encore du mal à y croire). Enfin bon tout ça pour dire que la place de plus grand groupe du monde dans la catégorie « plus de 25 ans d’existence » est à prendre, et qu’à ce jeu là, Depeche Mode est de loin mon candidat favori.

Depeche Mode est un groupe au statut des plus particuliers, un statut qu’il ne partage qu’avec Radiohead, celui d’être un groupe à la fois mainstream (ventes pharamineuses, stades complets en quelques secondes) et à la fois quasi-indépendant (aucune compromission artistique, un contrôle complet de son image). Après le très bon « Playing The Angel » on savait que le groupe était encore capable du meilleur, et à l’écoute de « Sounds of the universe » on en a plus que la confirmation tant chaque titre de ce douzième album est une pépite electro-pop. Pour un groupe qui va fêter ses 30 d’existence Depeche Mode est d’une modernité exemplaire, une modernité d’autant plus impressionnante qu’elle ne remet jamais en cause le passif du groupe. « Sounds of the universe » s’inscrit en toute cohérence dans la discographie de Depeche Mode tout en faisant la nique à tous la scène electro-pop mondiale. De la production aux compositions, le groupe concilie fraîcheur et sagesse. Gahan, Fletcher et Gore tournent tous autour de la cinquantaine et pourtant leur envie de produire quelque chose de nouveau, d’artistiquement complet, et ce sans jamais renier le mythe Depeche Mode, est intacte. Les anglais sont définitivement l’exemple à suivre, la preuve qu’un groupe peut vieillir sans jamais sombrer dans l’auto-parodie, dans la répétition, dans la routine travailliste qui pousse certains à sortir des disques tous les deux ans, avec professionnalisme mais sans passion.

Concernant « Sounds of the Universe », l’album débute sur une plage à la fois ambiante et nerveuse, assez proche de ce que peut faire parfois Trent Reznor, un titre qui enveloppe l’auditeur dans un univers bienveillant mais dans lequel il faut rester que le qui-vive ; vraiment un excellent titre. « Hole To Seed », lui, est un modèle electro-rock très conventionnel composé par Gahan et soutenu vocalement par Gore, un titre un peu facile qui ne me déplaît pas pour autant. Quand la rythmique martiale de « Wrong », un premier single aussi casse-gueule qu’ambitieux, se lance et que Gahan vient poser un chant bien éloigné des facéties de la pop anglaise, on sait déjà que l’on aura affaire à un grand album tant ce titre devrait mettre tout le monde d’accord. « Fragile Tension » est une petite sucrerie pop bien rythmée où le chant ne tarde pas à nous prendre aux tripes sur les refrains. « Little soul » calme le rythme mais maintient l’émotion. « In Sympathy » a tout d’un deuxième single, totalement Depeche Modien, il laisse insidieusement apparaître un fond dansant qui en fera sûrement une cible de choix pour les remixeurs de tous genres. « Peace » est un titre mystique où Dave Gahan se laisse aller vocalement dans les aigus et ne tarde pas à être fortement soutenu par les sonorités électroniques et par les backing vocal de Gore. « Come Back » rappelle les ambiances d’Ohgr de Skinny Puppy soit de la pop qui a digéré et réintégré l’aspect tordu des mélodies indus. Après un court interlude assez cinématographique mais plutôt dispensable, l’album repart avec « Perfect » un autre très bon titre d’electro-pop. « Miles away / The truth is » vient titiller l’auditeur avec une instrus changeante où Andrew Flectcher maltraite ses claviers. « Jezebel » seul titre chanté par Martin Gore est une douce ballade, triste et prenante qui aurait mérité d’arriver plutôt dans la tracklist. Enfin le disque se termine sur « Corrupt », un titre qui manque peut être de personnalité pour clôturer en beauté le disque, mais qui ne démérite pas non plus.

Comme le dit JS sur Goodkarma, « Sounds of the universe » n’est clairement pas le meilleur Depeche Mode, je lui préfère d’ailleurs « Playing the angel » son prédécesseur sur lequel la prise de risque était plus forte, mais il reste dans les grandes lignes un album brillant qui a plus que sa place au milieu des meilleures sorties de 2009. Quasiment aucune faute de goûts (malgré un son très vintage), des titres de très bonne tenue, un album qui s’écoute dans la longueur et qui ne manque pas de détails et de petits sons croustillants, voici autant d’atouts qui contrebalancent une très légère monotonie et qui font de ce douzième opus un disque rassurant et prenant dans lequel on se sent tout de suite bien et à l’aise.

Note : 8/10