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HARVEY MILK de Gus Van Sant

Par Benjamin Fogel, le 07-04-2009
Cinéma et Séries
Les années et les expériences cinématographiques passantes, il faut bien se rendre à l’évidence, je suis majoritairement insensible aux biopics, à tous ces films censés mettre en lumière le destin extra-ordinaire d’un homme dont les actions et les conséquences de ces dernières sont devenues plus importantes que sa propre vie. Focalisé sur la mise en exergue des moments clefs de l’action politique d’Harvey Milk, Gus Van Sant passe à côté de l’analyse des sentiments et des ressentis, et donc de l’émotion.

C’est admirablement bien joué, Penn et Hirsh sont bluffants, la reconstitution historique fait des merveilles, la tension est palpable, on s’y croit vraiment, et chaque détail mérite son attention au point qu’on ne peut nullement accuser Gus Van Sant d’avoir transformé la réalité.

La cause gay a toujours été une thématique récurrente du cinéma de Gus Van Sant, et on imagine bien l’importance que pouvait avoir la mise en lumière d’une icône comme Milk. On est vraiment content pour lui qu’il est réussi à mener à bien (et avec tant de maîtrise) un projet qui devait lui trotter depuis longtemps dans la tête.

« Harvey Milk » est un excellent biopic, rien à redire dessus. Maintenant à la question « Ai-je aimé Harvey Milk », je crois que l’honnêteté (hum) qui se doit de régner sur un blog me pousse à dire que non.

Impossible de me passionner pour cette succession de plans qui ne traite pas assez selon moi du problème politique et qui se focalise sur un problème moral. L’action politique d’Harvey Milk (mais c’est sûrement la réalité) est réduite à son combat pour les droits des homosexuels, sans qu’à aucun moment ne soit évoqué sa vision plus globale de la politique américaine. Le film s’en retrouve simplifié et réduit à un énième « combat d’homme pour l’égalité entre les hommes ». De plus je trouve que coté vie privé d’Harvey Milk est très mal exploité, on sent un peu les scènes obligées sans réellement comprendre les motivations, les doutes, les angoisses de l’homme. Du moins si on essaye de nous les faire comprendre, c’est d’une manière qui m’a semblé un peu artificielle. Enfin j’ai beau tourner le film dans tous les sens, je trouve que ce Gus Van Sant passe à côté d’une des thématiques phare : la transformation de Daniel White. Comment ce type a-t-il pu en arriver au meurtre ? De quelle manière subissait-il une pression sociale ? On parle d’un politicien qui est devenu un meurtrier, pas d’un déséquilibré qui a piqué une crise. Cela méritait un développement psychologique plus fouillé.

Bon comme vous l’aurez compris, sous couvert des dizaines de qualités qu’il possède, « Harvey Milk » m’a laissé froid, un comble pour un film qui dégage autant de chaleur humaine.

Note : 5/10