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PONYO SUR LA FALAISE de Hayao Miyazaki

Par Benjamin Fogel, le 20-04-2009
Cinéma et Séries
Miyasaki bénéficie d’une aura et d’un rayonnement qui lui semble acquis de fait. Il suffit d’ailleurs de lire les critiques presse pour s’en persuader. Tout comme Wong Kar-Wai à une époque, il paraît interdit de dire du mal des films du maître sans passer au mieux pour un insensible qui a perdu son âme d’enfant, au pire pour un inculte réfractaire aux autres cultures. Pourtant « Ponyo sur la falaise » est à l’image de « My BlueBerry Nights » pour Wong Kar Wai le film qui remet en questions nos certitudes, tant celui-ci semble être un retour en arrière de plus de 10 ans.

Sur la forme pas grand chose à redire, tant que Miyasaki connait son sujet et que l’utilisation de l’aquarelle lui permet de renouveler avec brio son expression visuelle sans pour autant la dénaturer. L’univers est toujours onirique, intégré à une réalité dans laquelle le fantastique est culturellement acquis. On s’y sent bien tout en étant intrigué, en alerte permanente, le tout dégageant une poésie aussi lumineuse que sombre.

En revanche au niveau du fond, je ne peu cacher ma déception. Autant « Le Voyage de Chihiro » était un conte métaphysique empli de symboles et de métaphores, un vrai dessin animé brillant à double niveau de lecture, autant « Ponyo sur la falaise » a du mal, malgré sa richesse visuelle, à être autre chose qu’un film pour enfant. Le scénario d’à peine 1h30 est très light. La majorité des personnages ne sont absolument pas développés (le père de Sosuke, la mère de Ponyo). Pire encore le père de Ponyo, personnage qui est censé incarné le « méchant » reste complètement opaque : il veut d’abord détruire les hommes parce que ce ne sont qu’un ramassis de merde (jusque là on ne peut pas lui en vouloir) puis tout d’un coup il pense à autre chose à l’amour entre Ponyo et Sosuke, un amour qui pourrait sauver la Terre de cette lune menaçante. Euh il manquait des sous-titres où Miyasaki lui même ne sait pas de quoi il parle ? Il se dégage vraiment de ce 13ème long métrage un sentiment d’inachevé, de presque bâclé.

Il ne suffit pas d’être un génie visuel pour réaliser des grands contes. Il faut aussi des « gentils » attachants et des « méchants » angoissants et intrigants (cf Muska dans “Le Chateau dans le ciel”). Là on a très envie de mettre des claques à Ponyo (surtout lorsqu’elle ressemble à un poulet) et d’inventer nous même une histoire aux personnages secondaires abandonnés. La galerie de personnage n’est pas assez étoffée alors qu’il y avait vraiment matière à construire un mythe intriguant notamment avec toutes les petites soeurs de Ponyo. Où est cette ambiance à la fois si planante et si mystérieuse qui entourait les films de Miyasaki ? Et surtout où est passée cette incroyable poésie ???

Bon pour conclure, tout le monde l’aura compris, ce « Ponyo sur la falaise » manque de sexe et de violence ;)

Note : 5/10