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L’année dernière, l’album de « United Nation » où Geoff Rickly, leader de Thursday, officie comme chanteur, s’est forgé une place dans le trio de tête de mes disques de l’année 2008, et il faut ainsi bien avouer que j’étais fort impatient d’écouter le cinquième opus du groupe phare du screamo ; enfin quand je dis phare, je devrais dire unique tant toutes les autres formations s’adonnant au style n’ont jamais réussi à faire autre chose que de l’emocore édulcoré pour adolescent. Vous l’aurez compris, Thursday est à l’emocore ce que Deftones est au néo-métal : un groupe tellement au-dessus qu’il est insultant de le mettre dans le même panier que ses suiveurs.

Pourtant à l’écoute de ce « Common Existence », je ne peux cacher une certaine déception, non pas qu’il s’agisse d’un mauvais album (on parle tout de même d’un groupe d’exception là) mais plus que ce n’est pas la déflagration attendue. Je pensais que Thursday allait enfin prendre son envol et sortir son chef d’œuvre incontestable alors qu’il ne fait que poursuivre gentiment le travail entamé sur « A city by the light divided ». Rien de négatif en soi bien sûr.

« Resuscitation of a dead man » rappelle d’entrée pourquoi on est là et est un pur concentré des qualités du groupe : technicité, agression, émotion, batterie sulfureuse. « Last Call » fait presque penser à du Deftones de par les intonations de Geoff Rickly ; dommage que la fin du titre soit gâchée par une approche musicale à la Bono. «As He Climbed The Dark Mountain» » est lui aussi caractéristique de Thursday déployant puissance hardcore et émotions plus accessibles. « Friend in the Armed Force » est le genre de titres qu’aurait pu écrire Robert Smith s’il avait grandit en écoutant Minor Threat ; on ressent d’ailleurs tout au long de ce « Common Existence » des influences new wave de plus en plus prononcées. Les violons de « Beyond the invisible spectrum » appuient parfaitement la puissance du titre. « Time’s Arrow » est une balade post-rock calme et efficace prouvant combien Thursday est à l’aise sur tous les sujets. « Unintended long term effects » n’aurait pas dépareillé sur le United Nation et est un de mes morceaux préférés de l’opus.

Malgré tous ces bons titres deux éléments amoindrissent un peu la qualité de l’ensemble : 1) le groupe joue parfois sur des sonorités trop faciles (jeunes ?), 2) la voix de Geoff Rickly a tendance a légèrement me lasser, ou non, à plutôt me donner la peur de m’en lasser un jour. Mais bon l’album est varié, chaque titre y trouve parfaitement sa place, et il n’y a pas de quoi faire sa fine bouche.

Après un autre titre plus rock indé, posé mais pas très original (« Love has led us astray »), l’opus fini sur le complet « We were the cancer », aux arpèges très fins et au refrain puissant. Pour conclure, la qualité globale de l’album et les schémas fouillés de développement masquent avec aisance le manque d’évolution et de prise de risque du groupe. Une belle pierre de plus pour ce monument qu’est Thursday mais juste une pierre. Mais bon que ce groupe reste passionnant.

Note : 8/10