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Il y a des moments de notre vie, des instants magiques qui produisent une émotion qui, quoi qu’il arrive, restera à jamais gravée dans nos esprits. Une émotion dont le simple souvenir suffira à déclencher au pire un léger plissement de lèvres, au mieux un franc sourire, une émotion qui sera intrinsèquement liée à une époque – l’adolescence souvent – une émotion que la musique est particulièrement apte à créer. Ma première écoute de « Basket Case » de Green Day fut de ces instants. J’étais jeune et j’avais envie de sauter partout, c’était comme une version enjouée de Nirvana, la même énergie allégée du poids de la dépression, une version pleine d’espoir qui donnait envie de croire en l’avenir. Ca jouait vite et fort avec un sens imparable de la mélodie, Green Day réinventait le punk mélodique. Putain de temps qui passe et d’ego qui s’attaque au cœur des hommes.

Comme le très mauvais nouvel album d’Archive, « 21st Century Breakdown » est décomposé en trois actes, et raconte une histoire, un truc un peu rebelle, un peu niais, un peu prétentieux. Depuis « Warning » on savait qu’il n’y avait plus grand-chose à espérer d’eux mais dès « 21st Century Breakdown », la chanson éponyme, on se dit que la rengaine américaine est de retour avec ses plus beaux artifices, plus vindicative que jamais : des « ouh ouh » en veux tu en voilà, des refrains plus racoleurs qu’accrocheurs, une sorte de college rock dénué de tout sens de la composition. On se dit même que « !Viva la Gloria ! » doit être une parodie de « !Viva la Vida ! », on essaye d’imaginer qu’il y a une blague là-dessous, qu’ils veulent faire les malins, mais non, les petits gars de Berkeley sont on ne peut plus sérieux. On pourrait presque arrêter l’écoute là car « Before the Lobotomy » confirme l’orientation, on est parti pour vous sortir les pires ballades de l’année, agrémentées de riffs de guitares qu’Artic Monkeys n’oserait même pas garder pour une face B. C’est insupportable. Sur « Christians Inferno », Billie Joe Armstrong ponctue toutes ses phrases d’un Wooho ; pour donner une idée, il en abuse autant que moi du point virgule ; c’est pour dire ;)

Pour tout ceux qui vont gueuler en voyant la note attribuée à leur groupe chéri, je vous prescris immédiatement une écoute en boucle de « Last night on earth », un titre qui aurait aisément pu être le prochain single de Scorpions.

« East Jesus Nowhere » est peut être le premier bon titre de l’album où Green Day retrouve un peu de sa splendeur et de sa science du refrain. Mais de un, on est à la limite de l’auto-parodie : ce titre rappelle complètement les années 90 (mais bon ce n’est pas si grave, Green Day étant peut-être le groupe à qui je pardonne le plus « l’auto-répétition ») ; de deux, oui c’est un très bon titre bien écrit et construit, mais on en est quand même déjà à la moitié de l’album, et c’est un peu tard pour sortir une bonne chanson. De toute manière le groupe regâche tout immédiatement via un « Peacemaker » qu’on pourrait décrire comme du Gipsy Punk, et non, ce n’est pas un compliment !

L’album avance sans trop remonter le niveau avec pas mal de titres qui passeront bien à la radio américaine (comme « Last of the american girls » et son refrain infâme qui rappellerait presque les hideux Sum 41) avec des petits sursauts qualitatifs (« Murder City » ou encore « American Eulogy ») et quelques bouses dont la décence ne m’autorise même pas à vous donner le titre. Allez à bas la décence : je me dois de vous mettre en garde des effets désastreux que pourraient avoir sur vous des titres comme « 21 guns » : vomissements, sentiment de rancœur et de trahison, envie d’aller sortir Joe Strummer de sa tombe…

Alors oui, au vu des titres que j’ai aimés, on me dira que je reproche à Green Day d’avoir changé et « mûri », que je fais parti de ces critiques qui ne supportent pas de voir leurs groupes évoluer. Mais bon comme on m’a déjà insulté pour avoir tenu des propos inverses (avoir reproché à des groupes de ne pas avoir suffisamment évolué), je mettrai ces remarques désobligeantes de côté.

La vérité, c’est qu’on peut attendre d’un bon groupe d’évoluer, mais que Green Day n’a pas les talents de composition nécessaires pour s’attaquer à ce style de musique qui se voudrait une synthèse de 20 ans de musique américaine : du punk-rock, en passant pas l’americana, le college rock et même la folk.

Note : 2/10