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Je pourrais commencer cette critique en louant le talent du belge Bernar Yslaire, survolant les chefs d’œuvre que sont les séries « XXeciel.com » et « Sambre ». Je pourrais également m’essayer à décrire et à analyser l’évolution artistique de l’auteur au cours de ses créations, ce qui parfois, me semble être une approche intéressante. Mais afin de respecter la ligne éditoriale de mon frère, je me bornerai à ne parler ici que des 2 tomes qui composent « Le ciel au dessus de Bruxelles ».

En 1969, John Lennon et Yoko Ohno (soit un occidental et une femme asiatique), se font filmer en train de faire l’amour dans une chambre d’un Hilton afin de protester contre la guerre au Vietnam. S’en suit alors un débat sur l’obscénité de leur acte, mis en relation avec l’obscénité de la guerre. Ce débat, Bernar Yslaire propose de le relancer en offrant une fiction pleinement ancrée dans la réalité. Nous sommes en 2003, à l’aube de la guerre en Irak, et un juif s’enferme avec une kamikaze dans la chambre d’un Hilton pour fuir ensemble la réalité. Ils ne se connaissent pas, ils n’ont aucune raison de s’aimer, pourtant, durant un mois, alors que la télévision ne cesse de vomir des images de la guerre, ces deux symboles d’opposition vont faire l’amour et pleurer ensemble.

Cette bande dessinée ne fait aucune concession, elle mélange des scènes d’amour crues dignes d’un film pornographique (en plus stylisé tout de même) et des images réelles qui passaient à la télévision à cette époque. Et pourtant on s’y sent bien, Yslaire arrive à intégrer le lecteur dans la bulle que se sont créées deux personnages, hors du temps, hors de toute réalité. Le style de dessin est très figuratif mais pas surfait pour un sou. Les images troubles rapportées par la télévision semblent vouloir inverser la situation et donner l’impression que c’est l’extérieur qui est irréel. Même les dialogues, aussi difficiles soient-ils, ne sont ni gnan-gnan, ni trop caricaturaux (j’insiste sur le trop car il faut bien que le poids de leur histoire et de leur culture se ressente dans les paroles des personnages).

En conclusion je dirais que ce n’est peut être pas une bande dessinée à mettre entre toutes les mains, puisqu’elle est avant tout choquante et qu’elle ne s’en cache pas, mais si l’on arrive à l’aborder avec un peu de recul, « Le ciel au dessus de Bruxelles » est un chef d’œuvre autant sur le fond que sur la forme et il serait dommage de passer à coté.

Une petite attention qui est assez atypique pour mériter d’être soulignée : à la fin de l’œuvre, l’auteur a écrit un texte d’une page, où il explique dans quel esprit il a écrit cette bande dessinée et où il expose avec beaucoup de respect sa position sur le sujet.

Note : 9/10