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L’odeur du souffre, les grains de sable portés par le simuli de tempête qui claquent le visage, la chaleur étouffante, et en même temps une sensation de bien être merveilleux, de liberté totale d’une exclusion hors du temps, fors du monde, hors des codes. The Phantom Band est une TAZ (Temporal Autonomous Zone), une Desert Session épileptique, un premier album qu’on ne sait situer à la fois complètement rétro et totalement novateur.

Dès la vision de la magnifique pochette de « Checkmate savage », entre surréalisme et traditionalisme, j’ai su que j’allais adorer ce groupe. Car oui avec The Phantom Band nous tenons bien notre Black Mountain de 2009 : du rock psychédélique qui sent bon les riffs, les expérimentations et la sincérité.

“The Howling” premier titre de l’opus a cet effet immédiat que peu de disques ont : pas besoin de 30 écoutes pour adhérer à ce flambeau rock : un classique instantanée qui se révèle dès la première écoute. Pourtant point d’évidence ici, dès le second titre “Burial Sounds”, l’auditeur se retrouve plongé dans un instrumental abyssal mixant tout ce qu’il trouve sur son passage avec une homogénéité passionnante, comme si King Crimson se lançait dans un boeuf improvisé avec Can. “Folk Song Oblivion” rappelle les fleurons de la pop anglaise de par sa finesse mélodique, un titre radiophonique qui arrive à jouer sur les deux tableaux. “Crocodile” est le seul titre de l’opus légèrement moins pertinent, la faute à une intro minimaliste un peu longue, à des samples de croassement suspicieux, et à des sonorités moyenâgeuse dans lesquelles on a du mal à suivre le groupe. Pourtant dès que les écossais lâchent les guitares on se croirait soudain chez Electrelane et le morceau prend alors une tout autre dimension. “Half Hound” a le charme rock d’un Pearl Jam : riffs maîtrisés, voix entre deux, proximité avec l’auditeur.

Je pourrais m’arrêter là, les qualités de l’album n’étant plus à prouver mais non il y a encore plus et j’ai toujours envie de claquer des phrases sur ce son. “Left Hand Wave” est du pur rock sudiste qui incorpore avec magie et subtilité des éléments Krautrock, la voix de Richard Princeton est sexy et langoureuse, on penserais presque à du Queens Of The Stone Age à nouveau en version Desert Sessions. “Island” est une ravissante ballade stoner psychédélique qui sent bon le sud de l’Amérique. Longue et prenante elle enfonce le clou en cette fin de disque ; c’est presque mieux que du Grandaddy. Puis, l’ombre des seventies plane sur les atmosphères de “Throwing Bones” avant de laisser la pop des Beach Boy s’emparer de la chanson. Un dernier trip avant de laisser l’auditeur, seul et abasourdi dans un silence soudain pesant : “The Whole is on My Side” clôture « Checkmate savage » psychédéliquement mais tout en restant accessible et pop.

The Phantom Band réalise un premier album de rêve, celui qui a lui seul pourrait le rendre culte et ce en seulement 9 titres où le génie ne côtoie que la passion.

Note : 8,5/10