Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

Il y a deux ans « The Bird of Music » avait crée le buzz suite à une interview de David Lynch qui avait déclaré être particulièrement fan de la musique d’Au Revoir Simone. Le maître avait parlé et le reste du monde avait suivi. Néanmoins, aujourd’hui, malgré un l’album à la hauteur du précédent, le groupe de Brooklyn ne semble plus émouvoir personne. Moi le premier j’avoue avoir traîné avant de glisser le disque dans ma platine, comme si l’indifférence qui entourait cette sortie ne pouvait être qu’un mauvais présage.

Pourtant « Still Night, Still Light » s’ouvre sur un sans faute. « Another Likely Story » transpire de la finesse mélodique vintage qui a fait la renommée du groupe. Léger et aérien, le titre permet d’immédiatement se replonger dans l’univers des demoiselles. « Shadows » accélère la rythmique et la puissance mélodique : un single irrésistiblement et sucré callé sur des boucles quasi krautrock. Les synthés à l’ancienne sont de retour sur « All or Nothing » ; l’objectif des filles semble toujours être clair : faire une musique touchante et complexe avec trois fois rien, être à la fois épuré et recherché. « Knight of Wands » commence par une partie instrumentale rappelant du Electrelane sans guitare avant de laisser le charme des voix agir.

La force d’Au Revoir Simone, c’est quand même ces trois filles qui mixent leur chant, ces trois filles dont on visualise la pureté, la candeur et l’innocence, c’est cette capacité à générer dans la tête de l’auditeur des images et des concepts à la fois niais et charmants : une sorte d’épiphanie printanière portée par une légère brise aux effluves de nature.

L’album a évidemment un peu de mal à garder le rythme après ces 4 premiers titres dépassant les sommets de « The Bird of Music ». Ainsi « The Last One » et « Trace a Line » peuvent paraître un brin anecdotiques. A la moitié de l’album, la question se pose d’ailleurs d’elle-même, malgré la qualité de ses titres, Au Revoir Simone n’est-il pas prisonnier d’un concept dont il est difficile de s’échapper, obligeant le groupe à reproduire inlassablement les mêmes titres ? On sent que les filles essayent de transgresser leur schéma mais sans vraiment y arriver. « Only You Can Make You Happy » est ainsi majoritairement instrumental et s’appuie sur des sons 8 bits qui ne font pas honneur au groupe, le chant tente de rattraper le titre mais sans succès. En revanche dès que le songwriting reprend ses droits comme sur « Take Me as I Am » les filles sont à nouveau à croquer. Le péchu et hypnotisant « Anywhere You Looked » maintient la tension tout en introduisant « Organized Scenery » une jolie ballade bucolique. « We Are Here » et « Tell Me » clôture l’album sans brio mais avec honnêteté.

Entre les titres grandioses qui inspirent plein d’émotion et les chansons plus mineures pour ne pas dire dispensables, il est difficile de se faire un avis sur ce « Still Night, Still Light ». Successivement énervant et troublant par sa simplicité, l’album n’arrête pourtant pas de se manifester dans mes pensées. Pas le chef d’œuvre de l’année mais un accompagnateur de choix dont la mise sous silence peut sembler injuste à bien des égards. Franchement, il serait tout de même dommage de se priver de cette légèreté pop ! Maintenant j’avoue ne pas miser un kopec sur la capacité du groupe à se renouveler sur un quatrième opus ;)

Note : 7/10