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Version acoustico-dark de nombreuses productions folk actuelles, « Heavy Ghost » ne révèlera pas ses saveurs sous l’écrasante chaleur de l’été. L’album débute sur « Isaac’s Song » une incantation d’une minute et trente huit secondes qui d’entrée de jeu crée un certain malaise. « Pity Dance » est habitée par des spectres charmeurs, par un piano qui se met à jouer tout seul au milieu d’un salon abandonné. Les chants se propagent sur « Creekmouth », tandis que « Pig » est le genre de titre que Jeff Buckley aurait pu écrire de l’au delà. DM Stith semble maître dans l’art de la beauté angoissante. Que cet album porte bien son nom !

Via sa rythmique et son chant, « Spirit parade » s’impose comme une version fantasmagorique de Radiohead. « Bmb » propose un premier axe de réflexion quasi expérimental où la voix est peu à peu kidnappée par le piano et les violons qui montent dans les aigus au point de sortir du champ de perception auditif. « Thanksginvingmoon » passerait presque pour une sucrerie folk après ce que vient de nous faire traverser l’opus. « Heavy Ghost » a tout de la perle noire.

Une ligne de guitare épurée, quelques notes de piano s’égrenant ici où là, des cordes classiques et envoûtantes « Fire of birds » n’a pas de canevas mais semble dès le départ connaître sa destinée, celle d’un bijou hanté par les fantômes de la musique américaine, hanté par la joie et par les pleurs. Dans sa deuxième partie « Morning Glory Cloud » fait apparaître des chœurs qui, comme souvent, me sont hostiles. S’il y a bien une constante dans les productions folks de 2009, c’est l’utilisation des chœurs. Parfois je trouve cela insoutenable comme chez Dirty Projectors, parfois je me laisse envahir par le côté mystique, d’autant qu’ici le piano m’emmène vers des terres inconnues.

« Gms » n’a besoin de rien d’autre que sa ligne de piano. Titre uniquement instrumental, on ne sait pas s’il s’agit d’un simple interlude ou de la pierre angulaire de ce « Heavy Ghost ». Pour conclure l’album « Braid of voices » ne lésine pas sur la tristesse tandis que « Wig » est un titre totalement apocalyptique qui annonce la fin d’un émouvant cauchemar.

Cécile, dans sa critique sur Words & Sounds, a écrit une très jolie phrase qui synthétise tout l’esprit du disque : « Hanté par des cris, l’album distille une à deux émotions contradictoires par chansons, et c’est ce diptyque qui anime l’album comme sur “Isaac’s Song” donc le début fait peur, et le sommet illumine notre journée. ». C’est exactement ça, « Heavy Ghost » n’est pas la bande-son d’un film d’horreur, mais plus l’ambiance sonore d’un compte poétique pour adulte, un objet successivement délicieux et angoissant.

DM Stith transperce et hypnotise : nous serons tous morts que cet album raisonnera encore.

Note : 8/10