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A bien des égards « Let The Dominoes Fall » est l’album punk que j’attendais depuis longtemps, depuis 2003 pour être exact. Effectivement c’était il y a 6 ans que « Indestructible » de Rancid sortait dans les bacs et autant d’années que je n’avais pas écouté un grand disque de punk. De plus « Let The Dominoes Fall » tombe à pic, à peine quelques semaines après la sortie du triste « 21st century breakdown » de Green Day, et est la meilleure réponse que je peux donner à ceux qui m’accusaient de ne pas aimer le punk ou d’au contraire de l’aimer au point de ne pas supporter qu’il puisse s’ouvrir sur la folk et la pop. Ce n’est sans doute pas fait exprès mais « Let The Dominoes Fall » est un pavé jeté à la gueule de Green Day, Rancid réussissant partout, là où le groupe de Berkeley a échoué.

Je vais essayé de ne pas m’enflammer mais dans l’idée « Let The Dominoes Fall » pourrait se placer juste derrière « …And Out Come the Wolves », le chef d’œuvre du groupe datant de presque 15 ans. Tout en restant aussi technique et aussi « punk », il est aussi plus varié et plus touchant. Green Day voulait faire un Opéra Punk, Rancid lui est un Monument du Punk.

L’album démarre sur « East Bay Night », ce n’est pas « Maxwell Murderer » parce qu’il n’y pas de solo de basse de Matt Freeman, mais tout de même c’est un sacrée retour aux affaires tout de suite confirmé par le rapide et punkisant « This Place ». Sur « Up To No Good », on retrouve les éléments ska qui étaient apparus en 98 avec l’album « Life Won’t Wait », c’est très simple, même moi qui considère habituellement le ska comme un sous genre musicale, je confesse sautiller sur ce titre. Plus rock sur « Last One To Die », plus old school sur « Disconnected » ; Rancid semble être de tous les fronts, de tous les combats. Une vraie putain de cure de jouvence.

Pourquoi Rancid domine-t-il de si haut la musique punk ? Car ce sont les seuls qui ont réussi à garder la spontanéité et le côté sans fioriture du style tout en le transcendant techniquement parlant. La ligne de basse sur « New Orleans » en est la preuve. Tout le reste pourrait disparaître, la basse soutiendrait le morceau à elle toute seule. Qui peut se targuer de ce genre d’argument ?

Mais le meilleur est encore à venir. La vraie magie, la vraie révélation vient avec « Civilian Ways », un somptueux titre de folk en mode Bob Dylan où se répètent les mots “I’ll never forget the sacrifices that my friends made for me”. Une vraie ballade américaine belle à en pleurer (comprendre quelque chose qui n’a rien à voir avec le « 21 guns » de leurs collègues californiens).

Les voix de Tim Armstrong et Lars Frederiksen se mélangent avec aisance créant un tourbillon qui ne s’arrête jamais. Ces gars là ne connaissent pas la crise de la quarantaine. Branden Steineckert est un nouveau batteur de choix, et redynamise bien les rythmiques sans essayer de s’imposer plus qu’il ne devrait. Sur beaucoup de titres, on se dit que même les Whites Stripes auraient du souci à se faire.

Excessivement varié « Let The Dominoes Fall » devrait convaincre le plus grand nombre : du solo de gratte qui arrache sur « Lulu », du punk californien sur « Dominoes Fall », a nouveau du ska sur « Liberty and Freedom », du Rancid old school sur « You Want It, You got It », et surtout « The Higway » une dernière pépite blues/folk qui clôture l’opus, véritable profession de fois du groupe sur sa conception de la vie.

OK, Rancid ne remplacera jamais les Clash mais actuellement c’est de loin le groupe qui a le plus de légitimité à se targuer d’en être les dignes successeurs.

Note : 8/10