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Cette chronique a été écrite pour Le Hiboo, vous pouvez la retrouver ici

Derrière le nom de Soap & Skin se cache Anja Plaschg, une autrichienne de 19 ans, belle et sombre comme la mort, une poupée intrigante tout droit issue d’un film de Tim Burton.

Lorsque les notes de piano de « Sleep » ouvre « Lovetune for Vacuum » et que la voix part dans les aigues, l’inquiétude s’empare de moi : à peine quelques jours après DM Stith vais-je encore tomber amoureux d’un album de dark-folk ? Parce que ce n’est pas tout ça, mais si les choses continuent à ce rythme, à la fameuse question « Qu’écoutes-tu comme musique ? », je ne répondrais bientôt plus « essentiellement du hardcore » mais sûrement « uniquement de la folk ». Damned.

« Cry Wolf » est une version posée du travail de Sigur Ros où l’on sait que les envolées seront contenues mais qui n’en reste pas moins passionnant. « Thanatos » déploie une émotion vocale théâtralisée appuyée par un piano quasi religieux, Soap & Skin y célèbre une messe obscure, les fantômes de « Heavy Ghost » sont prêts à se matérialiser. « Extinguish Me » rappelle la beauté juste du « The Crying Light » de Antony & The Johnsons.

Mais c’est vraiment la cinquième piste qui a commencé à me mettre la puce à l’oreille, tant « Turbine Womb » rappelle les plages instrumentales de la BO de « La marche de l’empereur » d’Emilie Simon. Un tel titre, sorte d’iceberg dans ce monde de neige, est un vrai pilier qui donne sa force à l’album, à la fois en lui donnant la respiration qu’il manque souvent aux albums trop chargés et à la fois en montrant que Soap & Skin est bien plus qu’un simple groupe de folk supplémentaire. Du coup « Cynthia » gagne en puissance ce qu’il aurait pu perdre à cause de la lassitude.

« Fall Foliage » commence comme une ballade folk avant d’intégrer à nouveau des rythmiques electro. « Spiracle » est presque trop gai, serait-ce le single ? On y ressentirait presque un soupçon de joie ; heureusement les paroles nous prouvent immédiatement le contraire. Sur « Mr. Gaunt PT 1000 » on se sent obliger de vérifier que la demoiselle est bien autrichienne et non islandaise, car définitivement tout laisse à penser qu’elle vit dans un pays où la nuit ne s’arrête jamais et où les températures glacent le cœur des hommes.

Malgré son titre qu’on ne peut pas qualifier d’invitation au voyage, « Marche Funèbre » est un trip hallucinatoire ponctué de violons, crissements et cris. Tout cela est bien macabre et le terme de dark-folk semble affirmer son sens à chaque titre. « The Sun » est un modèle de weird-songwriting. « DDMMYYYY » (jumelle de « Turbine Womb ») est une piste electronica à la saveur glaciale, les beats sont légers tout en faisant froid dans le dos, la comparaison avec les productions warpiennes (à la fois Aphex twin et Boards Of Canada) s’impose d’elle-même. Ces incursions électroniques sont déroutantes mais donnent une saveur bien particulière à ce « Lovetune for Vacuum », elle lui confère une thématique de disque qui ne se confine pas à un style mais qui se borne à une ambiance. Finissant sur « Brother Of Sleep », on pourra dire que Soap & Skin nous aura intrigué du début à la fin.

Bref vous l’aurez compris, Anja Plaschg est un peu à la musique ce qu’Eddie est au monde des blogs musicaux français : une gamine de 19 ans hyper talentueuse, tellement talentueuse qu’on finit vraiment par se demander si derrière elle ne se cache pas un mentor plus âgé.

Note : 8,5/10