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Quel est le meilleur groupe de hip hop au monde ? La question me paraît dénuée d’intérêt tant je ne me la pose depuis le début des années 2000. L’enchaînement coup sur coup de « Arrhythmia » sur le label Warp et de l’album en duo avec le brillantissime pianiste de jazz Matthew Shipp avait déjà clôturé tous débats (mais je dois confesser que le titre « Ping Pong » m’avait peut être un peu lavé le cerveau). Pourquoi un tel attachement à Antipop Consortium ? Sûrement parce que le groupe a été le seul à réaliser la synthèse parfaite entre esprit old-chool, productions électroniques avant-gardiste et mélodies délicieusement abstrackt. Leur inespéré retour sur Big Dada avec « Fluorescent Black » après le split de 2003, fait bien plus qu’honorer le passé, il le transcende.

Tout est monstrueux ici, de la complexité des boucles aux flows puissants des MC en passant par ces centaines de trouvailles sonores dont le groupe s’est fait la spécialité. Ce nouvel opus cloue tellement au sol qu’il en ferait oublier les deux autres grands albums hip hop de l’année : « Gutter Tactics » de Dalek et « Never Better « de P.O.S.

Un solo à la Hendrix, une batterie folle, un riff à la Rage Against The Machine, l’intro de « Lay Me Down » clame haut et fort le retour du maître dans l’arène. La pression se relâche mais le ton est donné : toujours plus tourné vers le passé / toujours plus tourné vers le futur. 3 scratchs et « New Jack Exterminator » vous donnera un grand coup à l’estomac. Vous serez embrouillés ne sachant sur quelle sonorité vous focaliser, mais reprenez vite vos esprits car ce n’est vraiment que le début d’une longue écoute dont vous ne sortirez pas indemne. « New Jack Exterminator », c’est presque le nom que j’aurais donné à tous l’opus. « Reflections » est un titre assez classique (le final exclu) mais ce n’est que pour mieux vous duper, pour que vous relâchiez votre attention, car oui dès que vous aurez le dos tourné, Beans, High Priest, M Sayyid et Earl Blaize en profiteront pour vous assener un violent coup dans la nuque.

Le patchwork intégral du mouvement, spécialité du groupe, explose sur « Shine ». « C Thru U » affiche avec pugnacité son avant-gardisme en se fondant toujours sur des sonorités issues de la grande tradition warpienne. Emporté par une boucle venue de Mars « Volcano » est fumeux à souhait. A la fois ultra-accessible et ultra-complexe, les new-yorkais n’ont pas peur de jouer sur les deux tableaux. « Timpani for the devil », j’en ai bien peur.

« The Solution » commence comme un “We are under attack” à la Starcraft puis utilise avec merveille le vocodeur pour un résultat sur lequel Air n’aurait pas craché. « Get Lite » est un manifeste et représente tout ce que le hip hop doit être. Quoi vous n’abandonnez pas encore ? Vous venez de morfler la poussière mais vous en redemandez ? Pas de souci, un petit « NY to Tokyo » avec en featuring Rooots Manuva finira de vous achever par ses beats malicieux et ses alternances de flows des plus chaleureuses.

Non mais merde, cet album est incroyable, à chaque fois qu’on pense avoir une minute de répit, c’est reparti pour une nouvelle tuerie. « SuperUnfrontable » aspire l’auditeur dans un post hip hop digital. « Born Electric » éblouit par son intro pop qui débouche sans prévenir sur un titre ravageur. L’esprit d’Anticon rode tellement autour qu’on finit indubitablement par penser à Why?.

Une accalmie s’il vous plait ! 17 titres, il doit bien y avoir des interludes bon Dieu ! Que nenni, on prend dans la face coup sur coup « Apparently » et « End Game », du son en provenance de l’an 3000. Le riff électronique de « Capricorn One » est un uppercut. De Compagny Flow à El-P, tous les ingrédients sont là. Le court « Dragonov » précède la dernière balle « Fluorescent Black » dont la lente montée percera votre crâne, et cette fois c’est sûr vous ne vous en relèverez pas !

Note : 8,5/10