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Si la musique trompe, les noms des musiciens (Damien Mingus, Aurélien Potier, Stéphane Laporte aka Domotic et Sibelius) rappellent la vérité : Centenaire est encore un de ces groupes français qui poursuit avec brio la révolution. « The Enemy » est peut être deux fois moins long que leur premier opus mais n’en est pas moins plus ambitieux tant en 7 titres interdépendants, le groupe redéfinit les codes de l’expérience rock. Les structures ont complètement été délaissées pour laisser place à des morceaux évolutifs qui coulent tellement de source que l’on ne prête même pas attention à leur narration. A côté de ça, sous un déluge sonore des plus cohérents se cache mille et un instrument : la guitare électrique répond au charango, le métallophone titille le violoncelle, tandis que derrière de discrets claviers créent des nappes accueillantes pour les percussions sorties de nulle part. Les percussions jouent d’ailleurs un rôle essentiel dans « The Enemy », on sent toujours combien le groupe aime créer des rythmiques avec ce qui lui tombe sous la main ; une manière sûrement de faire le lien avec ses concerts improvisés dans des appartements.

La fabuleux « Wheelchair » pousse encore plus loin la perfection du premier album. La finesse, le côté racé des mélodies rappelle indubitablement la touche particulière de Grizzly Bear. « Bottle of Sound » maintient cette affiliation. Si l’approche y est moins expérimentale, le ressenti y est succulent. Sous ses airs de ne pas y toucher, la chanson se meut en une véritable promesse automnale guidée par un arpège de guitare hypnotique. La voix est à fleur de peau et l’auditeur succombe à ce conte aussi angoissant que lumineux. « The Enemy », la chanson comme l’album, s’écoute très fort pour en saisir toute la subtilité. Il s’agit bien d’une ballade folk mais usant des codes de la musique orientale sans jamais tomber dans le pastiche.

L’avant-rock « Farmers Underground » hypnotise via sa batterie quasi krautrock. Can n’est pas loin et Centenaire ne souffre même pas de la comparaison. « A Cure » s’écoute dans le noir pour saisir l’impact de la déconstruction métronomique. De même « Testosterone » est d’abord chuchoté à l’oreille comme une comptine enfantine mais, sous les mots, la noirceur est déjà bien présente. La pression monte et la déferlante de guitares d’obédience sabbathienne plonge l’auditeur dans des tourments des plus raffinés. Toujours agréable de voir qu’un tel groupe n’hésite pas à s’acoquiner avec des courant plus métalliques. « Back Home » impose une force tranquille. Le tempo est lent, la tête tourne, c’est beau, c’est déjà la fin.

Centenaire est une pierre de plus à notre patrimoine. « The Enemy » réussit l’exploit de par sa perfection et son homogénéité à se positionner comme un des plus grands disques de 2009 et ce en seulement 7 titres, 7 titres qui disent tout ce qu’il y a à dire avec une concision hors-pair. Pour pinailler, on lui reprochera juste une production qui manque parfois un peu de nuances et qui empêche de profiter parfaitement de la plénitude des instrumentations.

Note : 9/10

>> A lire également la critique de Cécile sur Words & Sounds et la critique de Martin sur Branche Ton Sonotone