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L’histoire du rock s’est toujours construite sur des oppositions ineptes. Qu’il s’agisse de courants, de groupes ou de musiciens, il y a toujours un moment ou un autre où il faut choisir son camp. L’attitude est puérile mais trouve ses racines dans la nature humaine et dans notre besoin de se positionner, dans notre besoin de se définir socialement par rapport à nos goûts. Ne cherchant pas à remettre en cause le cours naturel des choses, ne souhaitant pas m’affirmer comme un pourfendeur de l’inévitable frivolité, j’ai dû comme tout le monde faire mon choix entre Interpol et Editors. Pas très doué non plus pour la remise en cause, je resterai donc sur mon avis de 2005. Interpol est un groupe plein de finesse et de noirceur tandis que Editors n’en est qu’une pale copie.

On a un peu trop dit à l’époque que Editors trouvait ses meilleures chansons dans les poubelles du studio des New Yorkais. L’affaire avait pas mal fait scandale et il me semble que le Daily Express et le Daily Star avaient même du publier des démentis. Je n’ai pas pour habitude d’écouter ce que disent les tabloïds anglais, mais il est vrai que ceci expliquerait bien cela. Effectivement « The Back Room » tout comme « An End Has A Start » ne possédaient tous deux que trois bons titres et remplissaient le reste de la galette avec quelques déchets à peine exploitables. Clairement, la théorie de la poubelle, aussi fumeuse soit-elle au premier abord, pouvait s’avérer, après étude, plutôt crédible. Aussi quand Chris Urbanowicz annonça avoir trouvé dans une déchetterie un clavier qui allait révolutionner le son du groupe, je ne fus qu’à moitié surpris.

Il faut reconnaître qu’avec « In This Light and On This Evening », Editors ne copie plus sur Interpol et qu’il innove. Je ne rentre évidement pas dans le débat scabreux lancé une fois de plus par quelques magazines à l’éthique douteuse. Je peux même dire que je m’offusque quand je lis que les bandes de ce nouvel opus auraient été piquées dans les tombes de Ian Curtis et de Martin L. Gore, car de un, l’accusation est des plus macabres et de deux, je rappelle aux journalistes qu’ils devraient mieux vérifier leurs sources et que non seulement Martin L. Gore n’est pas mort mais qu’en plus Depeche Mode est un groupe toujours aussi passionnant. Et puis ce n’est pas parce qu’un disque commence avec une intro de golgoth qu’il faut tout de suite le cataloguer.

En écoutant « Bricks and Mortar », on se dit que Tom Smith est décidément un très bon chanteur. Donner de la profondeur à des mélodies aussi kitch, seul un grand homme excessivement torturé (ou très manipulateur) pouvait réaliser cet exploit. Comme je le disais plus haut, tous les albums d’Editors ont été portés, ou plutôt soutenus, par des titres emblématiques et « Papillon » fait sans nul doute parti de cette classe. Injectant la science du refrain pop dans les fondements de la new wave, le groupe a au moins le mérite d’y ridiculiser la mièvrerie de The Killers.

« You Don’t Know Love » est une belle parodie, un hommage implicite aux meilleurs humoristes français. Ce n’est pas mielleux, c’est encore autre chose, un truc que des gens de mon âge ne doivent pas pouvoir comprendre. « The Big Exit » surprend l’auditeur par son intro noisy, c’est bien simple je n’avais pas entendu des sonorités aussi expérimentales depuis le dernier album de Razorlight. « The Boxer » est une chanson aussi triste que l’âme d’une ado de 14 ans dont le Rimmel aurait coulé à l’écoute du dernier album de Muse. Clairement méfiez vous des effets pervers que pourraient avoir sur vous l’écoute en boucle de ces trois titres.

On en vient presque à regretter que les décharges existent en écoutant « Like Treasure ». Mais que fait Tom Smith dans cette galère ? Qu’il change de groupe enfin ! Ce n’est pas comme si je ne connaissais pas des centaines de band à la recherche d’un bon chanteur ; U2 pourrait par exemple être intéressé. Parce que là franchement ce n’est plus possible : qui du groupe a eu la brillante idée de conférer un aspect pop moyenâgeuse à « Eat Raw Meat = Blood Drool » ? Il faut parler à ce garçon, le prendre en charge. Heureusement l’album se clôt sur « Walk the Fleet Road » où Jean Michel Jarre réalise un featuring des plus pertinents.

De la même manière qu’un pro-Stones s’en serait pris à l’époque à la dernière niaiserie des Beatles, je me devais en tant que pro-Interpol de fustiger ce « In This Light and On This Evening ». Il paraîtrait que le prochain album de Editors s’intitulerait « Best Of » et que ce serait leur meilleur effort, je n’ai aucun doute là-dessus, même s’il ne doit contenir que 7 titres dont ce très joli « Papillon ».

Note : 3/10