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J’ai longuement hésité à parler du nouvel opus de Mission Of Burma, car il faut dire que les problèmes de santé de Roger Miller font trop écho à ma vie pour que je puisse écrire sans un sentiment d’injustice et sans une once de mal être. Les choses sont telles qu’elles sont et je ne veux pas ressasser. Pourtant savoir que malgré ses problèmes le leader du groupe de Boston a trouvé le courage de remonter sur scène, d’affronter ses angoisses, de regarder droit dans les yeux le bruit et de lui tenir tête, m’incite si ce n’est à retourner en concert à au moins en parler plus librement.

Après un premier album brillantissime en 1982 (l’inusable « Vs. »), Mission Of Burma ne tardera pas à splitter sous la pression des acouphènes du Roger Miller. Alors interdit de concerts et d’exposition à des décibels trop élevés, le fameux guitariste écrira pendant presque 30 ans des chansons qu’il ne jouera jamais sur scène. Forcément, je ne peux que trouver cette histoire à la fois angoissante et pleine d’espoir dans sa conclusion puisque depuis sa reformation en 2002, le groupe écume à nouveau les routes. Je ne sais pas, je crois que je n’aime pas parler des acouphènes, que je préfère juste ne pas y penser. Ceci n’a rien de rationnel mais leur simple évocation accélère les battements de mon cœur. Je veux juste les oublier, nier leur existence et surtout ne pas écrire dessus comme si je cherchais à extérioriser une douleur intérieure, un traumatisme de vie. Non nous sommes là pour parler musique, non pas pour s’apitoyer sur mon sort.

La musique des américains reste incroyablement actuelle tout en sonnant vintage. Ayant transformé l’oxymore « punk intello » en un véritable way of life, Mission Of Burma détient toujours les clefs de cet équilibre parfait entre punk juvénile et réflexions plus arty. « 1,2,3 Partyy! » reflète ainsi à la fois les Sex Pistols et le post-punk de Wire. « Possession » réaffirme les affinités avec Sonic Youth, les deux groupes partageant ce même amour de la pop noisy, du bruit réfléchi. Sur « Blunder », le chant habité pourrait même laisser supposer une accointance avec Killing Joke.

La production de « Forget Yourself » est en revanche trop évidente, trop marquée par le mouvement à laquelle elle appartient, et c’est vraiment « After The Rain » qui finira de convaincre sur la vivacité du songwriting de Roger Miller. « The Sound the Speed the Light » enchaîne alors sur des modèles du genre comme « SSL 83 » et « So Fuck It » sans jamais hésiter pour autant à cracher sa rage punk qui n’a rien d’un vestige ; « One Day We Will Live There », et ses racines hardcore, en témoignera. Avec une moyenne d’âge qui doit flirter avec la soixantaine, il est surprenant de voir le groupe produire des titres aussi frais que « Good Cheer ».

Il y a quelque chose de rassurant à l’écoute de groupe comme Mission of Burma, Sonic Youth ou Dinosaur Jr : cette sensation que le temps qui passe n’arrivera pas à éroder nos convictions !

Note : 7,5/10