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Avec sa pochette d’un romantisme exquis, ses sonorités électroniques d’une rare justesse, et ses lignes de guitares en filigrane, Worriedaboutsatan avait tout pour s’imposer comme un nouveau leader au sein de l’electro atmosphérique. La première écoute laisse rêveur, le disque est long, plein de subtilité, et on se prend à imaginer avec délectations les nombreuses écoutes qu’il faudra pour en saisir toute la substance.

Ce n’est que bien plus tard que l’on prend mesure de la duperie. Worriedaboutsatan est comme trop de filles que je rencontre : une première approche qui laisse béa d’espoir suivi du poids de la déception lorsque l’on réalise à quel point le vernis s’écaille vite. Effectivement, une fois le marchand de sable passé, une fois débarrassé de la poudre aux yeux qui nous avait engourdi les oreilles, force est d’admettre que le groupe ne tient pas les belles promesses inspirées par la photo qui illustre ce « Arrivals ». Les boucles de “Pissing About”, qui semblaient au premier abord suivre un chemin inconnu de tous, se juxtaposent finalement de manière bien prévisible. La réflexion est bassement terre à terre mais parfois il vaut mieux se préoccuper de l’ennui que de Satan, le second ayant sûrement d’autres chats à fouetter. “I’m a Crooked Man” et “History is made at night” donnent la part belle aux discrètes sonorités émanant du froid, rappelant cette multitude de sons qui servent de base aux chansons d’Emilie Simon sur la BO de La Marche de l’Empereur. Mais il est facile de se targuer de finesse quand on évite la question de la mélodie.

Évidemment, tout n’est pas aussi simple que le laisse supposer les contrastes de la pochette et Worriedaboutsatan arrive à de nombreuses reprises, sur des instants plus ou moins longs, à émouvoir. Ainsi des perles électroniques comme « You’re in My Thoughts » rappelleront inévitablement la profondeur des développements de Boards Of Canada. Malheureusement, le groupe essaye trop souvent de prolonger la durée, de gagner du temps ; on pourrait presque l’accuser de faire du remplissage. « Evil Dogs » et « All Things But You Are Silent » mettent trop de temps à démarrer, un démarrage au ralenti qui n’a pas vocation à laisser progressivement s’installer la tension. Enfin, contrairement à Aphex Twin où les interludes servent à reprendre sa respiration entre deux déflagrations technoides, celle de “The Arrivals” ne servent, une fois de plus, qu’à enrober le rêve. Malheureusement le meilleur remède au cauchemar est souvent le réveil.

Worriedaboutsatan possède un talent indéniable et “The Arrivals” aurait pu être une des meilleures surprises de l’année. Mais le groupe doit encore grandir, aller puiser ses mélodies au fin fond de ses entrailles et densifier son approche. S’il y arrive, nul doute que le successeur à ce premier opus sera un chef d’œuvre.

Note : 5,5/10