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Connaissez-vous The Mountain Goats ? Pas dans le sens connaissez vous de nom ou y avez-vous déjà jeté une oreille. Non connaissez vous vraiment The Mountain Goats et leur 16 albums dont les sorties se dispersent sur seulement 14 ans ? Connaissez vous cet étrange personnage qu’est John Darnielle, l’unique membre permanent du groupe qui crée autour de lui un univers à géométrie variable ? Si la réponse est oui, ne poursuivez pas la lecture car vous en savez sûrement déjà plus que moi.

A chaque sortie d’album, je me dis qu’il faut que j’approfondisse le mystère The Mountain Goats, que je me noie dans cette discographie sans fin, que je déterre le fil directeur de ce flot continue de ballades pop folk qui ne manquent pas de rugosité. Mais l’ampleur de la tâche n’en finit pas de me détourner du droit chemin. Pourtant à la simple lecture de la tracklist de « The Life of the World to Come », composé uniquement de chansons inspirées de versets de la Bible, il est implicite qu’un univers intriguant est à portée de main.

Le livre traîne quelque part dans l’appartement. Dans le tiroir de la table de nuit ? Recouvert de poussière sous le lit ? Coincé dans la bibliothèque entre Houellebeq et Sartre ? J’ose espérer que personne ne l’a descendu à la cave. Ah non ça y est, je me souviens, il est confortablement installé au fond de cette boite contenant plein de souvenirs d’enfance, des cartes postales vieillies, des lettres de ma première amoureuse, des Chevaliers du Zodiaque et quelques photos qu’il faudrait un jour penser à numériser. Il y a un marque-page qui est placé à la moitié du livre, je laisse le pavé s’ouvrir tout seul, et « 1 Samuel 15:23 » raisonne, bien décidé à reprendre la dark folk de The Mountain Goats là où l’entité l’avait laissé.

« Psalms 40:2 » s’ouvre sur un riff gossardien créant le carcan au sein duquel John Darnielle pourra délivrer un single indie rock des plus subtils. Dans cet univers christique, « La Divine Comédie » de Dante n’est forcément pas très loin, et la voix se fait des plus démoniaques. Au contraire « Genesis 3:23 » possède la gaieté d’une pop song estivale, tout y est simple, évident et porteur d’espoir. « Philippians 3:20-21 » fait dans la folk aussi instinctive que ravissante rappelant le naturel des Kings Of Convenience. Chanson qui donne envie de fumer des clopes en regardant la mer, « Hebrews 11:40 » a tout du fruit défendu dans lequel je ne serais probablement pas le seul à mordre à pleines dents.

Genèse de la tristesse (« Genesis 30:3 »), promesse de jours meilleurs (« Romans 10:9 »), rappel des obstacles qui restent à surmonter (« 1 John 4:16 »), remise en question de soi (« Matthew 25:21 »), rechute (« Deuteronomy 2:10 »), fulgurant retour (« Isaiah 45:23 ») et enfin découverte de l’état de grâce et de la plénitude (« Ezekiel 7 and the Permanent Efficacy of Grace »), « The Life of the World to Come » est un manuel de survie au quotidien, une lumière dans la nuit capable de donner la foi aux mécréants comme moi. Et en ces temps incertains, je ne pense pas qu’il soit raisonnable de cracher sur un tel guide. Pour un groupe comme The Mountain Goats, je veux bien croire à nouveau.

Note : 9/10

>> A lire également, la critique de Mathieu sur Ramdom Songs et la critique de Martin sur Branche Ton Sonotone