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Si je n’avais pas tant aimé récemment JJ et Yeasayer, je ne me serais pas lancé dans une chronique de ce second album de Vampire Weekend. J’aurais confessé faire un blocage avec l’appropriation des sonorités africaines par la jeunesse new yorkaise. J’aurais enfermé à double tour mon irritation dans le placard des choses qui m’échappent. Mais voilà, depuis quelques temps, j’ai bien réalisé combien les sonorités juxtaposant la mer Méditerranée, le canal de Suez et la mer Rouge pouvaient me transcender, m’emporter au loin. Non, ce qui me blesse dans « Contra » provient d’ailleurs.

Si je peux accepter avec circonspection mais curiosité l’invitation de « Horchata », mon poil s’hérisse sur « White Sky », ce n’est pas la beauté qui le fait vibrer mais bien la naissance de la rage. A chaque mesure, ma mâchoire se contracte un peu plus. Je me sens comme impuissant face à une profonde injustice. Le mauvais souvenir d’une fille qui se fait racketter dans le RER, et que mon inexistante bravoure n’aura jamais sauvée, me glace le sang. La désagréable excitation des nerfs se propage alors sur tout le visage tandis que « Holiday » fait écho à Ska P. Et je serre de plus en plus sur mes dents alors qu’un vocoder apparaît sur « California English ».

Qu’est ce qui m’insupporte autant chez Vampire Weekend ? Les américains ne manquent pas de style et de personnalité pourtant. Est-ce du à la voix trop allègre ? Faut-il chercher du côté des influences inavouables ? Suis-je jaloux de la joie de vivre que véhicule certains des titres ? Suis-je trop vieux pour les vertus fédératrices d’un « Cousins » ? Dois-je reprocher quelques choses à ce clavier qui s’accorde si mal, comme un enfant perdu qui essaye de trouver sa place dans cette nouvelle famille recomposée ? Suis-je entrain de tomber dans le piège de la haine envers un groupe dont je peux comprendre la réussite ? Est-ce là l’origine de l’injustice ?

Au fond, je crois que tout cela est lié à la terrible vacuité que je ressens à l’écoute de chaque titre. Le piano de « Taxi Cab » me rappelle mes débuts devant la machinerie bicolore, tandis que je me demande si le claviériste et le batteur ne sont pas la même personne sur « Run ». Ils ne peuvent tout de même pas être deux membres dans le groupe à se servir si « brillamment » de Fruity Loops !!!

Mes dents commencent à se fissurer sur « Giving Up The Gun » et même une gouttière n’arriverait pas à me protéger de la balade électronique « Diplomat’s son »…

Si Yannick Noah se met un jour à l’indie-rock, c’est sûr que je n’y survivrai pas.

Note : 2/10

>> A lire également, pour un avis différent, la critique de Violette sur Rigolotes Chroniques Futiles et Insolente