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Si les connections ont mis du temps à se réveiller, le souvenir de « This Bliss », le précédent album, n’a ensuite pas tardé à refaire surface. J’ai repensé alors aux profondes basses de « Moonstruck » et à cette musique électronique qui jouait brillamment avec les codes de la deep house. Je me suis retrouvé chez moi prêt à ne faire qu’un avec l’indéniable confirmation qu’est ce troisième album.

L’adhésion que suscite cet opus se cache dans sa capacité à surprendre l’auditeur et à ne cesser de l’intriguer. Effectivement, « Black Noise » recèle de chansons dont les mélodies se dérobent à vous. Vous pensez avoir cerné et capturé la ligne harmonique et soudain tout se dérobe sous vos pieds et une nouvelle sonorité ouvre une nouvelle voie (« Bohemian Forest »). Ainsi, chaque titre possède sa volonté propre. On ne vient pas à « Lay in a shimmer » pour y trouver quelque-chose de particulier, on s’y rend juste en ballade sans la moindre velléité d’y faire une rencontre. Il ne s’agit pas pour autant d’une musique d’ambiance qui ne demande pas d’implication mais plus d’une bande son de vie qui s’adapte à toutes les situations (« Abglanz »).

Il résulte de cette approche une durée de vie particulièrement longue, on revient souvent à « Black Noise », avide d’en mémoriser les structures évolutives et de s’abreuver de la pureté des beats. Bien que ce dernier reste encore perfectible, il y a dans le son de Pantha du Prince des accointances évidentes avec Burial et Four Tet. On y décèle la même volonté en terme de recherche de la pureté, une pureté qui n’oublierait pas ses vocations dansantes (« A Nomads Retreat »).

Il serait bien aisé de voir en « Stick To My Side », le plus grand titre de ce « Black Noise ». Porté par le chant habité et extravaguant de Panda Bear d’Animal Collective, il confère une dimension supplémentaire, un niveau de lecture qui se rajoute au-dessus des autres fréquences. Pourtant impossible de ne pas considérer l’album comme un tout unique.

Vu la longueur et vu des chemins sinueux qu’il arpente, de par sa volonté de laisser les chansons se développer le plus souvent sur 7 minutes, Pantha du Prince s’expose forcément à certains légers relâchements. Mais si la puissance évocatrice de « Satellite Snyper » est un peu gâchée par un premier beat convenu et si les nappes de « Es Schneit » prennent parfois un peu trop d’espace, il n’en reste pas moins qu’il ne s’agit que de minimes détails incpacables de semer le doute.

Ainsi « Black Noise » est un album qui travaille les textures au corps et qui en extrait une sève cristalline capable de vous emmener au bout de la nuit (« Behind The Star »). Il s’en dégage un romantisme électronique d’une rare densité qui impose Pantha du Prince parmi les artistes les plus exigeants de la scène.

Note : 8/10

>> A lire également, la critique de Ed Loxapac sur Chroniques Electroniques et la critique de Panda Panda sur Ears of Panda