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Daniel Bjarnason est un compositeur islandais qui a d’abord longuement fait ses armes sur le piano. Arrangeur notamment pour Sigur Ros, il prend enfin le rôle de chef d’orchestre tout au long de ce « Processions » un album de musique contemporaine toujours à la lisière d’émotions différentes.

Sur ce premier opus (je pense que personne ici ne s’offusquera de l’emploi du terme), il livre 3 mouvements, décomposés en sept parties. L’introduction presque expérimentale ne tarde pas à laisser les violons prendre le commandement mélodique, puis soudain tout s’accélère, les cassures interviennent, la ligne directrice est rompue, la chanson subit une attaque quasi-métallique. La bataille est inévitable, les coups de fusils fusent, le chaos est total, impossible de savoir qui de la mélodie ou de l’ennemi invisible arrive à prendre le dessus. Les corps se déchirent, le sang coule. Un vrai massacre bilatéral se déroule en un éclair de secondes. La guerre se termine comme elle avait commencé et « Bow to String II. Blood To Bones » évoque la confusion guerrière. Les survivants se rassemblent et comptent leurs morts, tandis que l’ambiance angoissante de « Bow to String III. Air to Breath » marque clairement l’heure du regret et des interrogations. Pourquoi ? A quelle fin ? Le désespoir est infini.

« Processions I. In Medias Res » synthétise bien la puissance et les travers du style de Daniel Bjarnason. Alors que le piano y est d’une justesse incroyable déployant des mélodies sournoises qui savent pourtant rester engageantes, certaines arrivées de l’orchestre sont tellement massives qu’elles en écrasent sous leur poids l’auditeur amadoué par l’apparente sérénité. Le titre se situe quelque part entre opéra et musique de film, au point que l’absence de chant n’empêche pas d’aisément déduire qu’un drame nous ait conté. Pourtant je parle vraiment bien de travers, la faute à une production qui par moment n’arrive plus à contrôler la puissance des instruments. Le volume double, les enceintes saignent et le bain de sang reprend. Et le pire, c’est qu’à écouter l’apaisant « Processions II. Spindrift », on jurerait que l’auteur avait anticipé la violence que déclencherait son orchestration et que charitable il avait ensuite planifié un repos bien mérité.

Bien que « Processions » se termine sur un « Skelja » dont la harpe ne suscite pas autant d’émotion que ses camarades, il n’en reste pas moins une grande épopée contemporaine à la fois triste et intense.

Note : 7/10

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