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Trio berlinois acoustico-electronique sans pour autant être folktronica, To Rococo Rot est composé des frères Robert Lippok (boucles et guitares) et Ronald Lippok (ex-Tarwater, batterie et programmation), et de Stefan Schneider (ex-bassiste de Kreidler).

Dès « Away », les allemands plongent l’auditeur dans un marasme krautrock. La basse est chaude et la rythmique hypnotique. Le kidnapping se transforme en opportunité ; syndrome de Stockholm assuré. Il faut dire qu’on se sent rapidement chez soi avec « Speculation ». Bien que minalistes, les chansons maintiennent toujours l’attention via un arpège de guitare (« Working Against Time »), un gimmick électronique (« Ship ») ou une basse canienne (« Steel »).
Tout comme le nom du groupe qui peut être lu dans les deux sens (To Rococo Rot étant évidemment un charmant palindrome), les chansons ne sont pas temporellement définies. Vous pouvez aussi bien commencer par le début que par la fin. Il n’y a pas de sens de lecture, pas de grille, pas de code à appliquer (« Horses »).
« Speculation » est symptomatique du renouveau électronique que 2010 nous offre sur un plateau d’argent. Effectivement après Four Tet et Pantha du Prince, To Rococo Rot illustre à nouveau la puissance du travail sur la matière sonore. Après avoir cherché pendant des années à se positionner sur le dancefloor, à conquérir les sphères expérimentales, ou plus globalement à intégrer le maximum d’éléments afin d’éviter de se scléroser, on dirait que la muisque électronique via une vague auto-induite et spontanée remet au cœur de la création la recherche sur les textures. Ici chaque son peut être passionnément décomposé sans jamais perdre de son envoûtement. On jubile en imaginant le travail d’archéologue qu’à du mener le groupe pour dénicher des échantillons si exotiques (« Forwardness »).
Album du monde, d’abord austère et égoïste, « Speculation » ne tarde pas à révéler sa profonde douceur et son amour immodéré pour les musiques englobantes. 2010 sera définitivement « texturonique ».

Note : 7/10