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GREEN ZONE de Paul Greengrass

Par Benjamin Fogel, le 23-04-2010
Cinéma et Séries

[Attentions Spoilers] Bienvenue dans un monde désincarné où le film ne s’exprime qu’au travers de son univers visuel. Les acteurs ne sont que des robots dont on suit les courses effrénées et avec qui l’on esquive les rafales de missile. Matt Damon est là sans être là, lui ou un autre qu’importe. Les dialogues ne sont que des didascalies qui explicitent oralement le contexte de l’action. Le scénario est une information neutre copiée sur la réalité et collée dans un nouveau format avec à peine plus de considération que le déplacement d’une roue d’un rouage à un autre. Ce n’est pas parce que l’irakien de service est un éclopé qui se fait passer pour un gentil naïf avant de se révéler comme un assassin historique que vous êtes pour autant dans Usual Suspect. Non ici, il n’y pas de frissons, pas de suspens.

Green Zone” se déroule donc en Irak et le synopsis laisse planer l’idée que Paul Greengrass cherche à éclairer d’un nouvel angle la mascarade des armes de destructions massives. Pourtant il apparaît clairement que le réalisateur n’a aucun avis sur la question (du moins pas plus que dans “Vol 93”) et que le spectateur sera privé de toute mise en perspective qui aurait pu l’emmener au delà du classique thriller militaro-politique. Aucun enjeu ne sera approfondi, tout sera traité de manière purement factuelle sans laisser l’occasion à la réflexion de s’immiscer. Les révélations n’ont que peu d’impact, le monde est un show télé, une farce des médias. Un jour la présence des ADM fait la une tandis que le lendemain leur absence crée le scandale. Information/Désinformation. En prenant à peine position, Paul Greengrass illustre la manière dont les Grands traitent la vie comme un jeu.

Car oui c’est bien de jeu dont il s’agit ici au point que “Green Zone” aurait pu être une adaptation de Kill Zone 2 ou bien de n’importe quel FPS à la testostérone exacerbée. Au niveau de la réalisation Paul Greengrass livre la quintessence du travail inauguré sur la trilogie Bourne : le rythme est frénétique, sans jamais être saccadé, les plans d’abord larges se jettent sur les personnages comme une proie et la caméra tenue aux poings se lance dans des filatures déchaînées ! C’est bien simple il faut attendre la première véritable entrée dans la Green Zone pour que le film offre son premier moment de répit.

Débarrassé de tous les passages obligés du genre, “Greenzone” n’a plus d’autre raison d’être que de se faire plaisir, que de se laisser aller dans l’esthétisation sans excès de l’Irak ravagé. Ici personne ne vous sortira de couplet sur les soldats sacrifiés sur l’autel d’une guerre sans cause, non on vous jettera juste au visage un « Democracy is Messy » avant de relaisser la poudre parler.

Note : 6/10

>> A lire également, la critique de Rob Gordon sur Toujours Raison