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L’annonce que LCD Soundsystem serait une trilogie qui s’achèverait sur « This Is Happening » couplée à l’écoute de la reprise du « Bye Bye Bayou » de Alan Vega avait laissé présager un final éblouissant où les concepts new yorkais se mélangeraient à la rigueur allemande pour délivrer des instantanés dance punk qui serviraient d’étalon pour les années à venir.

Malheureusement l’apothéose n’est qu’un rêve de gosse et la chute entamée par « Sound Of Silver » se confirme ici avec l’application systématique d’une immuable recette. Que ce soit d’un album à l’autre, au sein d’une même chanson ou remis en perspective de l’histoire de la musique, « This Is Happening » est un disque sur la répétition. Le radotage vocal épuise sur « I Can Change ». Il est aisé de faire durer des titres plus de cinq minutes lorsqu’on laisse les refrains en roue libre, livrer à eux-mêmes. La rythmique entendue mille fois de « Pow Pow » semble tirer LCD Soundsystem vers le bas, dans un club de seconde zone où un white MC improviserait en live tout en usant d’onomatopées à chaque fois que son inspiration lui ferait défaut.

Malgré ces évidentes bévues, James Murphy semble être devenu inattaquable. Qu’il s’agisse de lui reprocher ses trop explicites sonorités dance glam ou au contraire sa tendance à toiser du regard les schémas classiques, tous les assauts ricochent contre la vitre blindée de son ironie. James Murphy en a toujours usé et abusé, au point que l’humour dont il faisait preuve hier a tendance à exaspérer aujourd’hui. L’ironie a bon dos mais on ne peut pas éternellement se cacher derrière elle et livrer un morceau de 9 minutes 12 intitulé « You Wanted A Hit » ! Les ficelles sont trop grosses et la stratégie murphienne explose en plein vol. Nous sommes déjà suffisamment sollicité par le mépris ambiant, pour s’éviter de se faire planter à chaque coin de rue musical.

De plus lorsqu’il ne brandit pas la carte de l’ironie, James Murphy se cache derrière le poteau de l’hommage ! L’homme a beau avoir réponse à tout, sa condition d’artiste n’en fait pas un prophète, et l’on peut légitimement refuser d’avaler la pilule d’un soporifique « Somebody’s Calling Me » en forme de « Nightclubbing » de Iggy Pop ou d’un vain « Drunk Girls » dont l’apparente énergie est calquée sur le « White Light/White Heat » du Velvet Underground. La rhétorique tourne à plein régime mais James Murphy est devenu un politicien manipulateur dans lequel le peuple ne placera plus sa confiance.

Au final, on ne conservera de lui que les manifestes post-punk scandés le point levé (« All I Want »), les confessions susurrées l’air espiègle en dehors du champ de la caméra (« Dance Yrself Clean ») et l’innocence berlinoise de ses premières campagnes (« One Touch »).

C’est avec un certain regret qu’on regardera LCD Soundsystem vaincu quitter la scène, et c’est peut être à ce moment là qu’on réalisera que derrière la farce et les artifices, il y avait un homme qui, corrompu par la mesquinerie du monde, n’a pas su trouver les bonnes formules pour imposer son modèle social.

Note : 4/10

>> L’album est en écoute intrégrale ici
>> A lire également,
la critique de B2B sur Chroniques Electroniques, l’article de Twist sur I left without my hat et l’article de Antoine sur 3 fois rien