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Un demi-siècle sans pouvoir s’exprimer : En 47 ans, Luc Vertige a accumulé un riche panel d’émotions qu’il déverse dans ce premier album soit au travers de ses textes, soit en faisant corréler les poèmes des autres avec ses propres expériences.

Luc Vertige, c’est un Daniel Darc qui n’aurait jamais sombré dans les ténèbres, qui aurait vaincu ses démons et aurait trouvé une réelle stabilité émotionnelle. Il en découle des chansons écrites par un écorché vif qui aurait fait la paix avec lui-même. Les plaisirs de la vie inondent les veines comme aurait pu le faire la drogue si une autre voie avait été suivie. Une batterie électronique, un slide de basse, Luc Vertige conte l’amour avec malice et tendresse (« Dans la chambre ») et tisse des liens avec sa fille (« Ne grandis pas »)

Amateur éclairé de textes oubliés, le songwriter a fouiné le répertoire de Gérard de Nerval, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine afin d’en tirer des paroles d’une succulente modernité, des textes si actuels que le parallèle temporel en devient troublant. « Kate » rappelle plus l’univers de Gainsbourg que celui des « poètes maudits » tandis que « Rêve pour l’hiver » se reflète dans le miroir d’une subtile chanson française.

Particulièrement à l’aise dans les duos avec des actrices, Luc Vertige invite Rebecca Hampton à converser sur la bande originale d’un film de Christophe Honoré (« Contradictions Amoureuses »), et laisse Chloé Stéfani dédoubler son chant (« Quant les matins s’endorment »).

Il serait aisé de parler d’album de la maturité sous prétexte que les chansons ont été ici longuement mûries, mais en réalité « Contradictions Amoureuses » est symptomatique des qualités et des défauts d’un premier album. Il y a ici la richesse de l’univers qui éclot pour la première fois, la sincérité des premiers émois mais aussi une trop grande envie d’expulser bien vite toutes ses envies et passions restées prisonnières trop longtemps des impératifs vitaux qui éloignent les hommes des disques. Plus question de perdre du temps et Luc Vertige veut démontrer toute l’étendue de son talent. Tout déballer tout de suite et maintenant. On passe ainsi de l’électricité juvénile de « J’me saoule » dont le refrain évoque un rock français un peu tiédasse à des discours déclamés d’un ton chancelant caricaturant un peu les premiers Katerine (« Mon Ami », hommage au compère Marc Torikian décédé pendant la conception de l’album ?). Il y a une telle envie de bien faire ici que les étapes sont parfois brûlées.

Affirmant un univers personnel, plein de musiques, de films et de photos, Luc Vertige se glisse naturellement dans le paysage au point de devenir ce nuage qui avait toujours été là, qui avait toujours complété le tableaux mais que l’œil fatigué n’avait jamais remarqué : « Attachez-moi dans les épaves, les souvenirs. Dans les abîmes, les tréfonds de vos imaginations » nous dit-il alors.

Note : 7/10

>> L’album est en écoute sur MusicMe