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Anglais spécialistes du chaos social musical, The Chap publie son quatrième album avec pour ferme intention d’abattre les cloisons qui entoure son monde. Plus pop que « Mega Breakfast » et donc moins électronique et moins dansable, « Well Done Europe » se veut une synthèse capable de prouver à toute la frange médicale le bien-fondé des troubles obsessionnels musicaux.

« Nevertheless, The Chap » propose du dubstep cotérisé par des bruits électriques sur lesquels Claire Hope s’efforce de garder son sérieux malgré les ohoh et les ouhouh de Panos Ghikas, le tout appuyé par des violons et instruments asiatiques. « Torpor » s’inaugure via des sonorités math-rock avant de se laisser corrompre le temps d’un pont par une rythmique reggae pour finalement plonger dans de l’experimental noise et tout cela en deux minutes. Ca part dans tous les sens avec un évident dédain pour la notion de direction. Mais ce qui parait comme fou et incongru au commun des mortels appartient bien à l’univers quotidien du groupe. La folie n’est pas une donnée quantifiable et ne se juge qu’en fonction de son propre référentiel.
Cependant, c’est bien lorsque le groupe a ingurgité les médicaments capables de maintenir son attention le temps d’une chanson qu’il se fait le plus ravissant. Si la folie est toujours présente, elle s’intègre alors au canevas des titres pour former un tout rafraîchissant et toujours imprévisible qui rappelle du coup implicitement Xiu Xiu (« We’ll See To Your Breakdown »). Lorsque les leaders vocaux réussissent à se répartir équitablement les tâches, le groupe fait preuve d’un réel génie mélodique capable d’emporter dans son délire tous les saints d’esprit (« Even Your Friend »).
Car derrière les caprices d’enfants, les bleeps bleeps, les voix qui en font des tonnes et les samples inconvenus, il y a surtout une réelle écriture pop (« We Work in Bars ») et une capacité à mélanger des styles incongrus avec brio et cohérence (« Obviously »). Dans un sens cette ambivalence, cette intelligence de la folie évoque le « California » de Mr Bungle : de la pop sensuelle complètement barrée et appuyée par la voix d’un crooner (« Well Done You »).
Forcément inégal à cause du parti pris de ne volontairement jamais rien contrôler, The Chap devient souvent incompréhensible (« Few Horoscope »). Il n’en reste pas moins qu’un inouï potentiel coule dans les veines du groupe. Pas étonnant que les jaloux craintifs hésitent encore à les relâcher.
Note : 7/10