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L’abstract Hip Hop de « 1983 » et les titres qui prenaient leur temps comme « Sao Paulo » avaient débouché sur une signature chez Warp et sur un « Los Angeles » qui imposait Flying Lotus à la fois comme un grand beatmaker (« Sleepy Dinosaur ») et comme un vénéré producteur à la lisière de Dj Krush et de Madlib (confère ses travaux pour Gonjasufi). Mais au jour des événements nouveaux, il semble surtout que le label anglais avait vu en lui un élu capable de reprendre le flambeau et de livrer sa propre vision de l’electronique warpienne.

Steven Ellison semble être devenu à la fois un porte-parole et un historien, et c’est pas moins de vingt années de blast qui défilent sous nos yeux. La basse sur « Pickled! » rappelle les prestations de Squarapusher (elle est en réalité jouée par l’ex Suicidal Tendencies Stephen « Thundercat » Bruner), la balle de ping-pong de « Table Tenis » a été piquée chez Antipop-Consortium, les ambiances tournent autour de Plaid tandis que les drilles et les interludes de Aphex Twin peuvent surgir à tout moment. Le tout prend alors les formes d’un album de Prefuse 73 où de très courts titres déclament expéditivement leur discours avant de s’effacer derrière le suivant (« Zodiac Shit »).

Il en résulte un album étrange, construit bizarrement à partir de bric à brac et tenant maladroitement sur une base brinquebalante. « Cosmogramma » est une tour de Pise, un merveilleux monument dont on craint à chaque chanson qu’il ne s’écrase à cause de la non-compatibilité de la matière de base. Il faut dire que Flying Lotus a l’art et la manière de faire cohabiter des grands titres post-électroniques (« …And The World Laughs With You » avec Thom Yorke au chant) et des chutes de studio qui tournent en boucle pendant six minutes (« MmmHmm »).

L’homme et son laptop est l’architecte d’un monde où rien n’est préalablement réfléchi. Il est à la fois l’anti-Autechre de par cette instinctivité qui ne se lance dans aucun calcul préalable, et l’anti-Four Tet, car là où le premier s’évertue à développer une idée tout au long d’un titre unique de huit minutes en en explorant toutes les facettes, Flying Lotus lui préfère jeter sur la table dix idées au sein d’un titre de deux minutes.

Sur « Recoiled », Ravi Coltrane (cousin éloigné de Steven Ellison qui est le neveu de Alice Coltrane) vient poser son saxophone et consolide le patchwork familial. Une fois de plus, Flying Lotus joue avec passion, conformément à sa culture et au gré de ses rencontres. C’est souvent approximatif, parfois complètement bancal mais cela reste toujours excitant.

Note : 7,5/10

>> L’album est en écoute sur MySpace
>> A lire également, la critique de Ed Loxapaq sur Chroniques Electroniques et la critique de Cédric sur So why one more music blog ?