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La côte ouest s’érode sous la pression des courants d’air chaud capables de ramollir la moindre des vélocités, et l’âge d’or des années 90 où Tupac, Snoop Dogg et Dr Dre régnaient en maître est révolu. Aujourd’hui seul l’underground semble être en mesure de redorer le blason du Westcoast Gangta Rap, et ce n’est nullement étonnant de voir Strong Arm Steady aller requérir l’aide du label Stones Throw et de Madlib son général d’armée en chef.

Strong Arm Steady, devenu trio depuis le départ d’un Xzibit déterminé à matérialiser ses lyrics dans la réalité, est composé des MCs Mitchy Slick, Phil Da Agony, et Krondon. Mais plus qu’un album de Strong Arm Steady, il s’agit surtout d’un album familial où les nombreux featuring (Planet Asia, Montage One Evidence, Oh No…) se complètent, se répondent et offrent ainsi à se « In Search of Stoney Jackson » une riche diversité où les rappeurs originels ne sont qu’une pièce sur un vaste échiquier.

Mais c’est bien sûr Madlib et ses instrus abstrackt jazz-soul qui font de l’album une réussite considérable. Le producteur a officié pour lui-même (Quasimoto), avec Jay Dee (Jaylib), avec The Lootpack et évidemment avec MF Doom sur le fameux « Madvillainy ». C’est d’ailleurs à cette dernière collaboration qu’il faut rapprocher le plus ce « In Search of Stoney Jackson ». Les ambiances d’un « Chittlins & Pepsi » font directement référence par exemple à un « Bistro », tandis que les courts titres comme « Smile » étaient déjà l’une des forces de l’opus. Les slaps de basse sont très présents et toujours suivis de cordes tirées comme s’il s’agissait de samples de Marcus Miller, tandis que le fantôme de Barry White se glisse en toile de fond.

On pense évidemment à tout ceux qui ont oeuvré pour l’abstrackt hip hop teinté de soul et de jazz et on tisse des ponts entre « Cheeba Cheeba » et Wax Taylor. On se retrouve plongé dans les grandes heures de la blaxploitation (« Needle In The Haystack »).

La rencontre avec Talib Kweli sur « Get Started » démontre les ambitions fédératrices du disque et combien la West Coast cherche à se racheter une crédibilité. Pourtant c’est justement quand Stone Throw est seul aux commandes que les plus grosses salves sont produites (« True Champs »)

Dommage que les textes labourent à tout va le champ des clichés du genre à coup d’histoire de fumette, de performances sexuelles et de provocations gratuites. Néanmoins, d’une certaine manière, la prestation correcte mais sans écart de Strong Arm Steady permet surtout de souligner l’incroyable talent de Madlib, l’homme dont la patte suffit à magnifier n’importe quel flow.

Stoney Jackson est un acteur américain qui s’était perdu dans les méandres de la télévision, nul doute qu’avec une telle armée à ses trousses, il devrait encore rester caché de nombreuses années. Car sans rien révolutionner, musicalement parlant, cette coopération réussit bien le pari de concilier engagement hip hop, références culturelles et imagerie bling bling. Il en ressort un album intense à la croisée des bandes.

Note : 7,5/10