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BORED TO DEATH – Saison 1

Par Benjamin Fogel, le 24-06-2010
Cinéma et Séries

Nouvelle « signature » de HBO, « Bored To Death » revisite le mythe de l’écrivain en optant pour un angle d’attaque global qui mêle références culturelles et autobiographiques tout en se jouant avec malices des clichés. Jonathan Ames, le personnage principal, reprend les codes de l’écrivain mal dans sa peau et alcoolique, des codes qui lorgnent plus du côté de Paul Auster que de Bret Easton Ellis et qui permettent à Jason Schwartzman, qui incarne le rôle, de livrer une composition qui fait enfin le pont entre « Rushmore » et « A bord du Darjeeling Limited ». Esseulé, abandonné par l’amour de sa vie et conséquemment par l’inspiration, l’auteur, cherchant à revivre la vie de son grand héros littéraire Philip Marlowe, le personnage mythique de Raymond Chandler, va ainsi se transformer en un détective privé non licencié qui résoudra des affaires mineures pour la beauté du geste.

De par son ambiance de polar New Yorkais revisité à la sauce Woody Allen en mode déboire mystérieux à Manhattan, « Bored To Death » aurait pu crouler sous le poids des influences, mais la comparaison est désamorcée d’entrée de jeu lorsque Jonathan Ames déclare n’être rien d’autre qu’un autre juif new yorkais qui se déteste. Ainsi accompagné de deux acolytes hors du commun – son meilleur ami Ray, un dessinateur de comics grassouillet, incarné par Zach Galifianakis ; et son patron George, directeur d’un magasine branché où Ames réalise des piges et joué par le brillant Ted Danson, plus connu sous le nom de Dr. John Becker ou comme méchant de Damages – il se lancera dans une série d’aventures farfelues et déformées par le prisme de l’herbe. La série se transforme alors rapidement en buddy-movie version sédentaire et épurée.

Mais derrière l’attachant personnage de Jonathan Ames se cache surtout le créateur Jonathan Ames qui fait de ce « Bored To Death » une extension de lui-même, une série non auto-biographique qui condense cependant l’intégralité de sa vie. Aucune facette de sa vie ne semble avoir été mise de côté ! Jonathan Ames, l’homme, est écrivain (il est notamment l’auteur de « I Pass Like Night » et de « The Extra Man » dont une adaptation de Shari Springer Berman sortira cette année sur les écrans) et pigiste au New York Press. Il s’est également essayé au comics avec un « Alcoholic » au titre évocateur, et cerise sur le gâteau il pratique la boxe sous le nom de « The Herring Wonder » (confère les deux derniers épisodes). Bref « Bored To Death » est tellement à l’image de son auteur que la police pourrait l’arrêter pour possession de drogues sur la seule foi de ces huit épisodes. Une mise en image des plus touchantes…

L’humour n’est jamais direct et le comique de situation échoue le plus souvent. C’est vraiment dans les ambiances créées et dans l’union qui se met en place entre ses protagonistes déjantés que « Bored To Death » dévoile un charme un peu anachronique mais qui émeut toujours. Peu importe l’histoire, seuls les personnages comptent au point qu’on ne s’étonne plus de voir les acteurs de cinéma se prendre au jeu du vrai dédoublement.
Note : 7/10

>> A lire également, la critique de Thomas du Golb